Procès Lionnet : la victime était "très heureuse" à Londres, affirme l'accusée

L'accusée comparaît aux côtés de son compagnon Ouissem Medouni devant la Cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres.
L'accusée comparaît aux côtés de son compagnon Ouissem Medouni devant la Cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres. © AFP
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avec AFP , modifié à
Accusée d'avoir tué sa fille au pair, Sabrina Kouider a assuré que Sophie Lionnet n'avait jamais exprimé le désir de rentrer chez elle en France. 

Sabrina Kouider, accusée d'avoir tué sa fille au pair, Sophie Lionnet, a assuré que celle-ci était "très heureuse" à Londres et n'a jamais exprimé le désir de rentrer chez elle en France, vendredi, lors d'un échange tendu avec le procureur.

La jeune fille mentait à sa mère quand elle lui écrivait vouloir rentrer chez elle, mais en être empêchée faute d'être payée par ses employeurs, a prétendu l'accusée, qui comparaît aux côtés de son compagnon Ouissem Medouni devant la Cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres.

Même durant la période de Noël 2016, alors que Sophie Lionnet n'avait plus vu sa famille depuis son embauche près d'un an plus tôt, elle a préféré rester chez eux, selon elle. "Elle travaillait chez nous à Noël et elle était très, très heureuse. Elle ne voulait pas aller dans sa famille", a affirmé cette mère de famille de 35 ans, chevelure noire lâchée sur une veste sombre. "Elle ne l'a pas demandé parce que nous avions des moments formidables", a-t-elle poursuivi. "Elle s'amusait. (...) C'était cool. Je pense que c'est le meilleur Noël que nous ayons jamais eu". Sabrina Kouider a soutenu que la jeune nounou était libre de ses mouvements: "Elle aurait pu partir n'importe quand si elle le voulait. Elle avait de l'argent". Elle a assuré l'avoir payée 50 livres par semaine, plus des "extras" tels que des vêtements. "Ce n'est pas ma faute si Sophie portait toujours les mêmes vêtements", a-t-elle lancé, comme l'ont dit des témoins.

"De bons moments". L'accusée a une nouvelle fois démenti avoir tué Sophie Lionnet et l'avoir torturée peu avant sa mort en septembre 2017. Elle ne l'a pas non plus privée de nourriture, a-t-elle assuré, reconnaissant seulement l'avoir frappée avec un câble électrique à une reprise. "Je n'ai pas tué Sophie", a-t-elle martelé. "Je traitais bien Sophie. Je la respectais", a-t-elle dit, avançant avoir même été "trop gentille" et "trop généreuse" avec la jeune fille.

Interrogatoires musclés. Sabrina Kouider était persuadée que la victime avait comploté avec Mark Walton, père d'un de ses deux garçons et fondateur du boys band Boyzone, pour droguer et abuser sexuellement de sa famille. Pour la faire avouer, elle et Ouissem Medouni lui faisaient subir des interrogatoires musclés et enregistrés, le dernier, filmé, ayant été mené peu avant son décès. Le corps carbonisé de Sophie Lionnet avait été retrouvé dans le jardin du couple le 20 septembre. Sabrina Kouider et Ouissem Medouni s'accusent mutuellement du meurtre. "Comment pouvez-vous abuser de quelqu'un quand vous faites tout" pour cette personne ?, a argumenté Sabrina Kouider, interrogée par le procureur Richard Horwell.

"Elle me rendait folle". Mais face aux questions insistantes du procureur, qu'elle a interrompu régulièrement, Sabrina Kouider s'est énervée, haussant le ton et s'exprimant d'une voix tremblante et saccadée, parfois ponctuée de pleurs. "Sophie, elle me rendait folle!", a-t-elle fini par lâcher. "Elle agissait de manière malfaisante" mais "elle jouait la victime", a-t-elle ajouté. Le procureur lui a demandé de regarder une photo de la victime, où elle apparaît émaciée et effrayée, peu avant sa mort. "Que diable est-il arrivé à cette femme ?". "Je ne sais pas", a répondu l'accusée, blâmant la mauvaise qualité de la photo avant de noter que Sophie Lionnet était "mince". Richard Horwell a mis en exergue ses incohérences. "Vous êtes le dernier témoin dans cette affaire. Ceci pourrait être la dernière occasion pour vous de dire à ce jury ce qui s'est passé", lui a-t-il fait remarquer. "Avez-vous quelque chose à dire ?" "Non. J'ai tout dit et tout ce que j'ai dit est vrai", a rétorqué Sabrina Kouider.