Pour les médias gouvernementaux russes, Washington est derrière le mouvement des "gilets jaunes"

Le gouvernement d'Édouard Philippe est confronté à la crise des "gilets jaunes" depuis plusieurs semaines.
Le gouvernement d'Édouard Philippe est confronté à la crise des "gilets jaunes" depuis plusieurs semaines. © AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
Dans plusieurs articles revenant sur les violences ayant touché Paris et plusieurs villes de province, des médias gouvernementaux russes soutiennent que les États-Unis sont à l'origine du mouvement des "gilets jaunes".

Ils disent y voir la main des États-Unis. Plusieurs médias gouvernementaux russes comparent depuis dimanche les violentes manifestations des "gilets jaunes" en France aux "révolutions de couleur" ayant secoué ces dernières années d'ex-républiques soviétiques.

"L'affaiblissement de Macron, et avec un peu de chance sa démission, va dans l'intérêt de Donald Trump", explique mardi le quotidien officiel Rossiïskaïa Gazeta dans un long article revenant sur les violences ayant touché Paris et plusieurs villes de province.

Une "réplique des 'révolutions de couleur'", selon certains médias. "Il suffit de rappeler que le chef de la 5ème République a récemment revendiqué sa position de leader de l'Union européenne, défendu l'idée d'une armée européenne indépendante des États-Unis et défendu activement l'accord nucléaire iranien", poursuit le journal gouvernemental russe. Suffisant aux yeux du journal pour voir dans le mouvement des "gilets jaunes" une réplique des "révolutions de couleur" qui ont fait sortir la Géorgie et l'Ukraine de l'orbite russe en étant soutenues, selon Moscou, par les États-Unis ou les Occidentaux.

Beaucoup de similitudes entre les deux mouvements ? Selon Rossiïskaïa Gazeta, il existe beaucoup de similitudes entre les deux : "la création artificielle d'un mouvement de protestation organisé par les réseaux sociaux (…), des scènes théâtrales devant prouver à la société la prétendue volonté du peuple". Au final, prévient le journal, "une victoire des 'gilets jaunes' renforcerait considérablement la position américaine en Europe, en montrant clairement aux dirigeants européens que chipoter avec Donald Trump, a fortiori être en conflit avec lui, est risqué".

Dans une tribune publiée lundi, une éditorialiste de l'agence de presse publique Ria Novosti jugeait elle aussi "très convaincants" les arguments en faveur d'une "révolution de couleur" organisée par les États-Unis, soulevant toutefois d'autres arguments comme "la révolte de la 'bonne vieille (et blanche) France' contre le gouvernement et son multiculturalisme radical".

Un présentateur avait ouvert le bal dimanche. Présentateur vedette de la chaîne Rossiya-1, Dmitri Kisselev avait ouvert le bal dans son émission dominicale en jugeant impossible qu'une "croissance microscopique des prix de l'essence" provoque "des scènes de pillage, la mobilisation d'une armée de policiers, de la fumée, des tirs, du sang, des nuages de gaz lacrymogène".

"Le prétexte est évidemment disproportionné", avait continué Dmitri Kisselev, réputé être la voix du Kremlin, ajoutant que "cela ressemble à l'exportation américaine d'une révolution de couleur" avant d'asséner : "Tout ça parce que le président Macron a parlé de la nécessité d'une armée européenne". Mardi, le Kremlin a toutefois été plus pondéré, disant "ne pas voir" d'influence des États-Unis dans le mouvement des "gilets jaunes". "C'est une affaire exclusivement interne à la France. Pour nous, il est important que ces troubles ne fassent pas de victimes humaines et de blessés, en particulier de citoyens russes", a commenté le porte-parole Dmitri Peskov.