La réédition de Mein Kampf, deuxième essai le plus vendu en Allemagne

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Interdit depuis 1945 et la fin du IIIe Reich, le livre d'Adolphe Hitler est disponible dans les librairies allemandes depuis le 8 janvier dernier. 

Interdit depuis 1945 et la fin du IIIe Reich, Mein Kampf est disponible dans les librairies allemandes depuis le 8 janvier dernier, en édition commentée. Et c’est un succès : l’essai d'Adolphe Hitler s'est placé cette semaine en deuxième position des essais les plus vendus, derrière celui d'un intellectuel allemand et juste devant un livre sur le Dalaï Lama, selon le classement de l'hebdomadaire Der Spiegel paru samedi 20 février.

Des chercheurs et des citoyens qui veulent comprendre. L’éditeur avait imprimé 4.000 ouvrages mais dès le premier jour de vente, 15.000 exemplaires ont été commandés. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit de l’engouement de néo-nazis : selon l'Institut d'histoire contemporaine de Munich, à l’origine de cette réédition, les acheteurs sont des historiens ou des scientifiques qui ont un intérêt pédagogique. On trouve aussi des citoyens qui veulent comprendre, savoir ce qu’Hitler a vraiment écrit.

"Briser un mythe". Pour Olivier Mannoni, le traducteur français de Mein Kampf, il faut absolument analyser ce corpus. Olivier Mannoni voit son travail comme "une réflexion sur la nature du langage, qui a eu des conséquences dramatiques". "C’est parce qu’un texte aussi violent a été publié qu’on a eu cette idéologie. C’est un document sur la manipulation du langage", analysait-t-il en décembre sur Europe 1. Il estime que traduire correctement Mein Kampf et rendre telle quelle "la pensée incohérente, brouillonne" d’Hitler est essentiel pour les historiens et tout ceux qui cherchent à comprendre l’horreur du nazisme.

"Il s'agit de briser le mythe" martèlent aussi les universitaires allemands qui ont annoté le texte. 3.500 précisions historiques ou critiques ont été ajoutées à ce brûlot antisémite qui expliquait, bien avant l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, son projet d’extermination des juifs. Fayard, l'éditeur, ne gagnera aucun argent avec la vente de Mein Kampf dont les bénéfices seront reversés à une association.