Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005. 1:59
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Pauline Jacot, édité par Romain David
Faute de preuves, seul Salim Ayache a été reconnu coupable par le Tribunal spécial de La Haye d'implication dans l'attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri, en 2005. Un verdict qui laisse un goût amer aux Libanais.

À La Haye, aux Pays-Bas, le Tribunal Spécial pour le Liban, a rendu son verdict dans le procès de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, il y a 15 ans à Beyrouth. Les quatre accusés étaient suspectés d'être impliqués dans l’attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie du dirigeant et fait 21 morts. Mais un seul a été condamné, et les trois autres acquittés faute de preuve. De quoi nourrir la déception de la société libanaise après toutes ces années d’enquête.

Salim Ayache, aujourd’hui âgé de 56 ans, est le seul à avoir été reconnu coupable. L’accusation n’a pas réussi a reconnaître l’implication des trois autres hommes, une lourde défaite pour le procureur selon plusieurs observateurs. Le politologue spécialiste du Moyen-Orient Joseph Bahout évoque une reculade, car ni le Hezbollah, ni le régime syrien ne sont impliqués après avoir été pointé du doigt au moment des faits. "Le jugement laisse de côté toute accusation ou toute présomption envers la Syrie. On commence à entendre dans la rue, à Beyrouth, une grande déception. Du coté du Hezbollah il y a probablement une satisfaction assez large de voir cette affaire se conclure d’une manière aussi minimale", explique-t-il à Europe 1.

Le silence de Saad Hariri

Salim Ayache, comme les autres accusés, n’était pas présent au moment du jugement. Le Hezbollah a toujours rejeté sa responsabilité dans cet attentat et n’a donc jamais livré les suspects. Il risque la prison à perpétuité, s'il venait un jour à être présenté au tribunal.

Saad Hariri, le fils de l’ancien Premier ministre, a pris acte de cette décision. Il ne demande pas au Hezbollah de livrer l’accusé à la justice. Et pour cause : il se trouve actuellement dans une position particulière puisqu’il fait figure de favori au Liban pour former un nouveau gouvernement, deux semaines après la double explosion qui a ravagé Beyrouth. Il joue donc l’apaisement, et pourrait chercher à coopérer avec le mouvement chiiite selon certains observateurs, sans quoi il ne pourra pas prendre la tête du pays.