L'Etat Islamique peut-il réellement être responsable du crash en Egypte ?

© AFP
  • Copié
CC , modifié à
Le groupe Etat islamique revendiqué avoir abattu l'avion qui s'est écrasé dans le Sinaï mais des experts mettent en doute ce scénario.

Sur Twitter, la branche égyptienne du groupe djihadiste Etat islamique a revendiqué le crash du charter russe dans le Sinaï, qui a tué 224 personnes. L'avion s'est écrasé au cœur de leur bastion égyptien, mais des experts doutent et pointent plusieurs incohérences dans ce scénario, qualifié par certains de propagande. 

La puissance des missiles en question. Même si l'avion s'est écrasé au cœur du bastion égyptien des insurgés de l'Etat islamique dans le nord du Sinaï, la branche égyptienne du mouvement ne dispose pas des mêmes moyens que leurs alliés syriens, auxquels ils ont prêté allégeance il y a un an, en novembre 2014. Plusieurs experts militaires estiment que la branche égyptienne de l'EI ne possède pas de missiles capables d'atteindre un avion à 30.000 pieds. Selon Charles Lister, expert des mouvements djihadistes, le missile anti-aérien le plus puissant dont dispose l'Etat islamique n'a qu'une portée de 10.000 pieds. Que le groupe Etat islamique (EI) ait pu atteindre l'appareil à 9.000 mètres d'altitude paraît peu crédible aux yeux des experts.

La (fausse ?) vidéo de propagande. Pour l'ancien directeur du musée de l'Air et de l'Espace, Gérard Feldzer, "c'est de la communication pure et simple". Une vidéo non-identifiée a été diffusée sur les réseaux sociaux dans la journée. Elle montre un avion en train d'être abattu en plein vol. Les journalistes l'ayant repérés invitent à la prudence, rien ne prouvant qu'il s'agit de l'A320 de Metrojet. Pour atteindre un avion à cette altitude de croisière, "il faut disposer de missiles difficiles d'utilisation donc ça paraît peu probable", a renchéri Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA).

Le scepticisme des Russes. Les personnes se trouvant à bord de ce vol reliant Charm el-Cheikh en Egypte à Saint-Pétersbourg en Russie étaient toutes Russes. Dans son communiqué, l'EI dit agir en représailles aux "dizaines de morts (causés) quotidiennement par les bombardements" des avions russes en Syrie. Mais pour le ministre russe des transports Maxime Sokolov, cette revendication "ne peut être considérée comme exacte". D'après lui, les autorités égyptiennes ne disposent d'aucune information qui confirmerait "de telles insinuations". L'attentat terroriste n'est toutefois "pas à écarter", selon les experts du transport aérien, qui considèrent qu'une "bombe a pu être placée à bord de l'avion". Autre éventualité : l'avion alors qu'il redescendait à la suite de défaillances techniques ou pour d'autres raisons après la perte du contact radio aurait pu être atteint par une roquette ou un missile. L'acte qui n'aurait alors pas été prémédité est cependant jugé peu probable.