Le ministre de la Défense israélien dit que l'armée se «prépare» à une opération à Rafah

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avec AFP // Crédits : ALBERTO PIZZOLI / AFP , modifié à
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré ce dimanche que Tsahal avait retiré ses troupes du sud de la bande de Gaza, pour "préparer la poursuite des missions" dont une opération à Rafah.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a déclaré dimanche que l'armée avait retiré ses troupes de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, pour "préparer la poursuite des missions" dont une opération à Rafah. "Nos forces se préparent à la poursuite de leurs missions (...) dans la zone de Rafah", la ville de l'extrême sud de la bande Gaza où plus de 1,5 million de Gazaouis ont trouvé refuge, a déclaré M. Gallant, selon un communiqué de son bureau. 

Cette annonce intervient quelques heures après celle du retrait des troupes israéliennes de la ville de Khan Younès, également situées dans le sud de la bande de Gaza, qui a été l'épicentre de la bataille entre soldats et combattants du mouvement islamiste Hamas. "Nos forces se préparent à la poursuite de leurs missions... dans la zone de Rafah", a déclaré dans un communiqué le ministre de la Défense, Yoav Gallant. Quelques heures plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé sa détermination à éradiquer le Hamas "dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah".

 

Au total, près de 1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés, s'entassent dans cette ville frontale avec l'Égypte, présentée par M. Netanyahu comme le dernier grand bastion du Hamas. Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis ont à plusieurs reprises fait partie de leur désapprobation d'une telle opération, jugée trop coûteuse en vie humaine. Face au désastre humanitaire en cours dans la bande de Gaza assiégée, les Etats-Unis ont, maintes fois, haussé le ton ces dernières semaines. Au point d'évoquer jeudi, pour la première fois, la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures "tangibles" sur le volet humanitaire.

"Guerre longue" 

La guerre a été déclenchée le 7 octobre, lorsque des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes sont enlevées et 129 sont toujours détenues à Gaza dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens. En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste avec les Etats-Unis et l'Union européenne, et a lancé des bombardements intenses sur le territoire palestinien avant une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d'avancer du nord vers le sud de la petite bande de terre.

Côté palestinien, la guerre a coûté la vie à 33.175 personnes à Gaza, la plupart des civils, dont 38 ces dernières 24 heures, selon le Hamas. La guerre n'est pas terminée, a averti le chef d'État major de l'armée Herzi Halevi dans un communiqué, précisant qu'elle serait "longue" et "d'une intensité variable". Sur le terrain, des dizaines de Palestiniens réfugiés à Rafah ont pris dimanche le chemin du retour à Khan Younès, immédiatement après le retrait israélien précédé par des frappes sur les deux villes, selon des images de l'AFP. A pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, des photos de l'AFP montrent des hommes et des femmes esseulés, marchant dans une ville devenue un champ de ruine.

"Famine imminente"

Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où 2,4 millions de Palestiniens sont menacés de famine, selon l'ONU. Strictement contrôlées par Israël, les aides acheminées par voie terrestre via l'Égypte arrivent au compte-gouttes. "Honte au monde entier. Les enfants meurent de faim", lance Labad, une mère de quatre enfants réfugiée chez des proches après la destruction de sa maison à Jabaliya (centre).

"Mon fils de 8 ans me demande à manger mais je n'ai rien à lui donner (...) Nous avons même mangé de la nourriture pour animaux et oiseaux. Je souhaite la mort pour moi et mes enfants pour être libérés de ce tourment", dit-elle à l'AFP. Dimanche, plusieurs agences des Nations Unies et des organisations humanitaires ont qualifié de "plus que catastrophique" la situation à Gaza. "Les maisons, écoles, hôpitaux sont en ruines. Les enseignants, médecins, humanitaires sont tués. La famine est imminente", a fustigé sur X la cheffe de l'Unicef, Catherine Russel.

"Tenez bon" 

Les annonces de l'armée israélienne interviennent au moment même où une énième série de négociations indirectes entre le Hamas et Israël via les médiateurs internationaux ---Etats-Unis, Qatar, Egypte-- doivent se tenir au Caire, après des appels pressants du président américain Joe Biden à les reprendre et à trouver un accord pour un rêve associé à la libération des otages. Objectif : conclure un accord de trêve assorti de la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens et d'une augmentation importante de l'aide humanitaire à Gaza.

Samedi, le Hamas a assuré qu'il ne renoncerait pas à ses exigences pour un accord : "un cessez-le-feu complet", un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés et un accord "sérieux" d'échange d' otages et de prisonniers palestiniens. M. Netanyahu a rétorqué dimanche qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu sans la libération de tous les otages. Dimanche, ils étaient des milliers, massés devant la Knesset (le Parlement) à Jérusalem pour soutenir les familles des captifs retenus à Gaza. "A vous, qui êtes encore la bas, tenez bon", a dit sur scène Agam Goldstein, 17 ans, otage libérée lors de la seule trêve survenue fin novembre et qui a duré une semaine. A Paris, plus d'un millier de manifestants se sont rassemblés pour demander "la libération des otages".