Le fils de Pablo Escobar s'engage depuis plusieurs années pour la paix en Colombie. 4:11
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Antoine Terrel , modifié à
Invité mercredi d'Europe 1, Juan Pablo Escobar, fils du célèbre narcotrafiquant Pablo Escobar, revient sur sa relation avec son père. A l'époque, raconte-t-il, "il n'avait aucun problème pour assumer ses actes criminels". 
INTERVIEW

Fils du plus célèbre des narcotrafiquants, Juan Pablo Escobar a depuis longtemps pris ses distances avec les actions de Pablo Escobar et s'est engagé depuis des années en faveur de la paix en Colombie, parcourant notamment son pays pour sensibiliser la population aux méfaits de la drogue et aux dangers du narcotrafic. Dans son dernier livre, Ce que mon père ne m'a jamais dit, il enquête notamment sur les complices et victimes de l'homme abattu en 1993 après une interminable et sanglante traque. Invité mercredi d'Europe 1, il se souvient d'un père qui assumait devant lui ses activités criminelles, et dont il a refusé de suivre les pas.  

"Il était très affectueux avec moi"

Pourquoi, alors, avoir voulu effectuer ce travail de mémoire sur son père ? "Je voulais me mettre à la place de ses ennemis pour savoir ce qu'ils pensaient de lui", et qu'ils puissent raconter "comment ils ont souffert", explique Juan Pablo Escobar. 

Élevé alors que Pablo Escobar menait une guerre sans merci à ses concurrents au sein du narcotrafic, tout en tentant d'échapper aux autorités colombiennes, Juan Pablo Escobar garde le souvenir d'un père qui savait se montrer tendre. "Il était très affectueux avec moi, me donnait des très bons conseils, de l'amour", se souvient-il. "Mais il ne les appliquait pas en dehors de la maison. Sa vie était pleine de contradictions." 

D'ailleurs, son père ne lui cachait pas ses activités criminelles, lui confiant quand il avait sept ans lors d'un exil au Panama "que son métier était d'être un bandit". Toutefois, confie-t-il, à l'époque, "ce que je n'avais pas compris, c'est qu'il avait été un des plus grands bandits du siècle. Cela, je l'ai intégré au fil des années".

"Et d'une honnêteté brutale"

Entre le père et son fils, la transparence régnait. "Je lui demandais de ne jamais me mentir. Je ne voulais pas vivre dans une vie d'illusion, je voulais connaître la réalité. Dans des lettres, il me racontait chaque chose qu'il faisait : comment il négociait, comment il mettait la pression sur le gouvernement", raconte encore Juan Pablo Escobar. D'ailleurs, dit-il, "il n'avait aucun problème pour assumer ses actes criminels". Sur ce point, ajoute-t-il, "il était d'une honnêteté brutale avec moi". 

Des années plus tard, Juan Pablo a donc décidé de prendre ses distances avec l'héritage de son père. Pourtant, en Colombie, confie-t-il, "tous les garçons suivent les pas de leur père. Et à l'époque, ils pensaient tous que je deviendrai son héritier". 

"Il nous a montré le chemin que nous ne devons pas prendre"

De son père, Juan Pablo Escobar garde un souvenir "qui se partage entre le bien et le mal". "Ce que je veux garder de lui, ce sont ses conseils pour la paix, pas ceux concernant la violence". Et de conclure : "Finalement, il nous a montré le chemin que nous ne devons pas prendre. Il nous a montré à moi et à d'autres que c'était une voix sans issue".