Ce dimanche 8 mai marque les 20 ans de l’attentat de Karachi au Pakistan durant lequel quinze personnes ont trouvé la mort. (Illustration) 1:23
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Oceane Theard édité par Wassila Belhacine , modifié à
Ce dimanche 8 mai marque les 20 ans de l’attentat de Karachi au Pakistan. Le 8 mai 2002, quinze personnes dont onze ouvriers de la direction des constructions navales meurent dans l'explosion du bus qui les conduisait à leur lieu de travail. Des dizaines d’années après le souvenir du drame est toujours intact pour les survivants.

"C’est ineffaçable … ", souffle Gilles Sanson. "Cela fait partie de moi", poursuit le retraité. Les souvenirs de cet ancien ouvrier sont presque intacts. Le trajet de ce matin du 8 mai 2002 à Karachi au Pakistan, "toujours à la même heure, toujours par la même route". Un bus militaire vient le chercher, avec des collègues, puis ils se dirigent vers l’hôtel Sheraton. "Les collègues se sont dirigés vers le bus, et une voiture s’est stationnée juste à côté. Une voiture remplie de charges explosives. Et là, le bus a été pulvérisé" , raconte Gilles. Les images, dramatiques, paraissent défiler dans son esprit, lui qui n’a pas perdu connaissance lors de l’attentat.

L’arrière du bus pulvérisé, et l’impression que sa tête va exploser avec le souffle de l’explosion. Puis la douleur dans les jambes, ses pieds qui doublent de volume. "Vous êtes dans un vide total, la mort est autour de vous. J’ai été amené à quitter ce bus en rampant, en me dégageant aussi du corps de certaines victimes. Après j’ai été m’installer au pied du cratère qui avait été formé par l’explosion", décrit Gilles Sanson.

"Aujourd’hui je marche mais je me traîne"

Une scène de guerre, une violence qui vit encore dans son esprit, et dans celui d'autres survivants comme Michel Bongert. Lui était à la troisième rangée dans le bus. "Au départ vous ne sentez rien. Je me touche le haut, la tête j’avais une oreille qui saignait. Et là vous descendez, j’arrive sur les pieds et je vois deux ballons de football. Et c’est là que vous avez mal. ” Michel a une partie des pieds broyés, il passe trois ans dans un fauteuil roulant. "Aujourd’hui je marche mais je me traîne."

Réapprendre à marcher, à vivre avec le souvenir, mais sans explication. Aujourd’hui on ne sait pas exactement quelles sont les causes de cet attentat, de nombreuses zones d’ombre subsistent dans le dossier Karachi. Peu de réponses, et ce, "peu importe les gouvernements qui ont défilé", explique Gilles Sanson d’une voix teintée de colère.

"Le 8 mai 2002 moi, dans le bus je suis mort"

Michel Bongert lui est plus résigné. "Moi le 8 mai 2002 dans le bus je suis mort. Et est-ce qu’on aura un jour vraiment la vérité, ça je n’y crois pas de trop, ça fait longtemps, ça fait déjà 20 ans.", confie-t-il sur Europe 1. Il se rendra aux cérémonies d’hommage organisées à Cherbourg dimanche 8 mai, pour faire vivre la mémoire, le souvenir des disparus de Karachi.

Gilles Sanson lui a décidé de boycotter les cérémonies officielles et de rendre un hommage "seul" en déposant une rose devant la stèle dédiée aux victimes de l’attentat.