Amazonie 1280 2:30
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Romain David , modifié à
Au micro d'Europe 1, Clément Sénéchal, porte-parole et chargé de campagne climat et forêts chez Greenpeace, dénonce la responsabilité du président brésilien Jair Bolsonaro dans la destruction de la forêt amazonienne.
INTERVIEW

Le poumon vert de la planète est en feu. Ces derniers mois, plus de 72.800 départs de feu ont frappé la forêt amazonienne, en Amérique du Sud, au point que la fumée des incendies est désormais visible depuis l’espace. "Ce qui est en train de se passer est un véritable drame mondial", a relevé vendredi au micro de Sébastien Krebs, sur Europe 1, Clément Sénéchal, porte-parole et chargé de campagne climat et forêts chez Greenpeace.

"Les forêts tropicales sont des puits de carbone, elles stockent le carbone, donc, quand elles brûlent, elles rejettent d’énormes quantités de CO2 dans l’atmosphère. Ce sont aussi d’immenses réservoirs de biodiversité", explique-t-il.

Face à cette catastrophe écologique, de nombreux doigts accusateurs désignent aujourd’hui la politique du président brésilien Jair Bolsonaro. "Les départs de feu ont été multipliés par trois depuis l’année précédente, c’est-à-dire depuis qu’il est arrivé au pouvoir", souligne Clément Sénéchal. "Depuis qu’il est au pouvoir, il a tout fait dans ses paroles et ses actes pour saper les protections de la forêt amazonienne."

Un forêt vendue à la découpe

"Jair Bolsonaro a démantelé les agences d’État chargées de protéger la forêt, il a limogé récemment le directeur de l’institut scientifique brésilien qui mesure la déforestation, il a affaibli un certain nombre d’ONG dont la mission est de documenter ce qui se passe en Amazonie, il a affaibli les droits des autochtones qui sont les premiers gardiens de l’Amazonie, puisque leur survie dépend de la bonne santé de la forêt", énumère le porte-parole.

"Jair Bolsonaro a une politique dont l'objectif avoué est de vendre à la découpe la forêt amazonienne à l’agro-business brésilien", poursuit le porte-parole de Greenpeace. "Au Brésil, on utilise l’incendie pour défricher et créer des pâturages ou gagner de nouvelles terres et faire pousser du soja, qui est ensuite exporté vers l’UE et notamment la France", indique-t-il.

Utiliser le traité de libre-échange UE-Mercosur comme moyen de pression

"Il y a une pression diplomatique qui se met en place", note toutefois Clément Sénéchal, alors qu’Emmanuel Macron a évoqué dans un tweet une "crise internationale". De quoi piquer au vif Jair Bolsonaro. Pour notre spécialiste, la France peut agir à son échelle : "Ne pas ratifier le traité de libre-échange avec le Mercosur pourrait être un moyen de pression contre le président brésilien", note-t-il.