Israël ne décolère pas après la reconnaissance de l'Etat de Palestine par des pays européens

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avec AFP , modifié à
L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont annoncé mercredi leur décision de reconnaître conjointement un État palestinien dans l'espoir d'entraîner d'autres pays à faire de même. Pour Benjamin Netanyahu, la reconnaissance de l'État de Palestine est "une récompense pour le terrorisme".

Israël ne décolère pas jeudi après la décision de trois pays européens de reconnaître l'État de Palestine, en pleine guerre entre son armée et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza où les bombardements se poursuivent.

Tôt jeudi, une équipe de l'AFP a fait état de frappes dans le secteur de Rafah (sud), tandis que des témoins relevaient d'intenses bombardements à Gaza-Ville, dans le nord du territoire ravagé par plus de sept mois de guerre sans répit. L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont annoncé mercredi leur décision de reconnaître conjointement un État palestinien dans l'espoir d'entraîner d'autres pays à faire de même, alors que la solution à deux États est, selon Madrid, "en danger".

Une perspective très incertaine

La création d'un État palestinien viable apparaît comme une perspective très incertaine en raison notamment de l'absence de pourparlers en ce sens et de la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Mais cette reconnaissance est considérée comme une victoire diplomatique pour l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas alors que l'État de Palestine est reconnu, selon elle, par 142 des 193 États membres de l'ONU, essentiellement non occidentaux.

Et elle constitue un nouveau revers pour Israël après que le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour des "crimes contre l'humanité" présumés, en même temps que contre les dirigeants du Hamas. "Israël ne restera pas silencieux sur cette question" de reconnaissance, a tonné le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz, en annonçant la convocation des ambassadeurs d'Espagne, d'Irlande et de Norvège, et le rappel pour consultations des ambassadeurs israéliens dans ces trois pays.

La Colombie confirme son projet d'ouvrir une ambassade à Ramallah

Après leur annonce, la Colombie a confirmé son projet d'ouvrir une ambassade à Ramallah, ville de Cisjordanie occupée où siège l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Début mai, le président colombien, dont le pays était un allié clé d'Israël en Amérique latine, a annoncé la rupture des liens diplomatiques entre les deux pays, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Une "récompense" pour le Hamas, selon Netanyahu

La reconnaissance de l'État de Palestine est "une récompense pour le terrorisme", a lancé Benjamin Netanyahu, un farouche opposant à l'idée d'un tel État aux côtés d'Israël. "À ce Mal, on ne peut pas donner un État." "Après que l'organisation terroriste Hamas a perpétré le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah (...) ces pays ont choisi de récompenser le Hamas (...) et de reconnaître un État palestinien", a souligné M. Katz.

Les trois États européens ont annoncé leur décision alors que la guerre fait rage entre Israël et le Hamas depuis une attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 par des commandos du mouvement islamiste palestinien infiltrés depuis la bande de Gaza voisine dans le sud d'Israël. 

Les familles de cinq soldates israéliennes otages autorisent la diffusion d'images de leur capture

L'attaque a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages le 7 octobre, 124 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 mortes, selon l'armée. Les familles de cinq soldates israéliennes otages à Gaza ont autorisé mercredi la diffusion d'images de leur capture, montrant les jeunes femmes, certaines le visage en sang, assises à terre en pyjama, les mains attachées dans le dos par leurs ravisseurs, avant d'être emmenées en jeep.

En riposte à l'attaque, M. Netanyahu a juré d'anéantir le Hamas, son armée lançant une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis, a pris le pouvoir en 2007. Au moins 35.709 Palestiniens, en majorité des civils, ont péri dans cette offensive, selon le ministère de la Santé du gouvernement du territoire palestinien dirigé par le Hamas.

Le mouvement islamiste palestinien a salué mercredi reconnaissance comme une "étape importante" et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul représentant officiel des Palestiniens sur la scène internationale, a parlé de "moments historiques". Les pays arabes l'ont saluée également. Mais à Rafah, ville du sud de Gaza soumise à des bombardements quotidiens israéliens, Ahmed Ziad, 35 ans, a dénoncé des "coquilles vides si l'Amérique et les autres pays européens (...) ne soutiennent pas" une telle reconnaissance.

Principal soutien d'Israël, le président américain Joe Biden, a réitéré qu'un "État palestinien (devait) voir le jour au travers de négociations directes entre les parties, non par la reconnaissance unilatérale".

Les États-Unis menacent de cesser certaines livraisons d'armes à Israël

Ces derniers développements interviennent alors que les soldats israéliens poursuivent leurs opérations au sol "contre des cibles du Hamas" dans des secteurs de Rafah. Les Etats-Unis, qui ont menacé de cesser certaines livraisons d'armes à Israël en cas d'offensive terrestre de grande ampleur à Rafah où plus d'un million de civils sont piégés, ont jugé mercredi que l'opération était désormais "plus ciblée et limitée", tout en disant préoccupé par le sort des civils sur place.

En entrant avec leurs chars dans l'est de Rafah, les militaires ont aussi pris le contrôle du côté palestinien du point de passage éponyme avec l'Egypte, principale entrée des aides humanitaires, pour ensuite le fermer. Depuis, l'acheminement des aides sont quasiment à l'arrêt alors que selon l'ONU 1,1 million de Palestiniens à Gaza font face à des "niveaux de faim catastrophiques".