Irlande : la décision du gouvernement de mettre fin à l'utilisation de la tourbe contestée par les fermiers

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Laura Taouchanov

Le gouvernement a décidé de mettre fin à la vente de la tourbe, en raison de son côté très polluant. Seul l'usage privé sera autorisé. Mais pour les fermiers interrogés par Europe qui travaillent sur la tourbe, cette décision ne passe pas. Ils regrettent surtout que l'État ne propose pas de solutions alternatives.

Sur les terres irlandaises, c’est un moyen de chauffage traditionnel. Pendant des années, la tourbe a été exploitée comme combustible dans de nombreux foyers. Mais le carbone qu’elle dégage lorsqu’elle brûle s’est révélé particulièrement polluant. Le gouvernement irlandais veut donc mettre fin à la vente et à la distribution de ces fameuses briquettes noires, mais il se heurte à une forte opposition.

Seule l'usage privé sera autorisé

Dans ce petit village, on voit la fumée blanche s'échapper de toutes les cheminées avec cette odeur de terreau propre à la tourbe. "C'est un feu accueillant et ça chauffe toute la maison. Les quatorze radiateurs, ça ne me coûte que 600 euros par an. C'est ça la beauté de la tourbe", explique Thomas Hailey, conseiller régional du comté de Sligo. 

À l'automne, la tourbe ne pourra plus être commercialisée. Seul l'usage privé sera autorisé. "On n'a pas d'autres moyens pour chauffer nos maisons. Donc notre gouvernement est prêt à nous demander d'arrêter la tourbe, mais sans nous donner une alternative. On est censé mourir de froid", s'exclame Thomas Hailey.

"On n'a pas les moyens d'acheter du fioul"

Dans les marais. Il suffit de discuter avec les quelques coupeurs pour comprendre leur attachement à ces lingots noirs qu'ils font sécher dans des piles. "Je m'appelle Niall Henry et j'ai coupé de la tourbe toute ma vie. On est catégoriques : on continuera à en couper", affirme-t-il.

Le problème, c'est que la tourbe émet plus de CO2 après le charbon, tout en produisant moins d'énergie. Mais le moment est mal choisi, regrette Martin. " Il nous coupe l'herbe sous le pied. On n'a pas les moyens d'acheter du fioul. Maintenant, tout est augmenté. Ce n'est pas le fermier qui pollue. Ce sont les avions dans le ciel", lance-t-il. Pour ces retraités, c'est une énième guerre entre les élites de la ville et les communautés rurales.