Iran : Hassan Rohani "sait faire des concessions"

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François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran, était l’invité de David Abiker, dimanche sur Europe 1, alors que le président Hassan Rohani rencontrera, mercredi, François Hollande. 
INTERVIEW

"Il faut renouer un lien politique" entre la France et l’Iran. C’est l’objectif de la visite du président iranien à François Hollande, a estimé sur Europe 1, dimanche, François Nicollouad, invité de David Abiker, dans C’est arrivé demain. Ancien ambassadeur de France en Iran, cet analyste est revenu sur la personnalité de Hassan Rohani, qui s’apprête à rencontrer le président français et à signer l'achat de 114 Airbus, à Paris, dans le cadre de sa tournée européenne, initialement prévue en novembre dernier et reportée en raison des attentats.

Hassan Rohani sait "prendre des risques". En poste à Téhéran de 2001 à 2005, François Nicoullaud se souvient parfaitement de Hassan Rohani qu’il a "assez bien connu" lorsque celui-ci était chargé de la négociation nucléaire. A l’époque, "il n’était pas très à l’aise, il ne connaissait pas la diplomatie", raconte le diplomate. Mais Hassan Rohani "est quelqu’un qui peut apprendre", juge-t-il. Le président de la République islamique d'Iran sait "faire des concessions. Il a fait des concessions aux occidentaux quand il a cru que c’était le moment, et ce n’était pas forcément du goût de tout le monde", raconte le diplomate, soulignant encore : "c’est quelqu’un qui prend des risques".

Favorable à "des évolutions progressives". L’étiquette d’homme "modéré" - mise en avant par Hassan Rohani lui-même -, lui convient bien, estime François Nicoullaud. "Ce n’est pas un radical. [...] En matière politique, en matière de droits de l’homme, le président s’est montré favorable à "des évolutions progressives", résume ce spécialiste des relations internationales. L'objectif premier du programme du président était d'ailleurs que "l’Iran se réconcilie avec le monde extérieur". Un objectif atteint en l'espace de deux ans, avec la levée de l’embargo économique et la conclusion du compromis sur le nucléaire iranien, en juillet dernier. 

L’Iran, bientôt partenaire de la France ? Cette "visite politique", durant laquelle Hassan Rohani sera accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires et de politiques, est donc un premier pas concret vers la fin de l'isolement de l'Iran, dont les sanctions économiques ont été levées depuis l'accord historique sur le nucléaire iranien, entré en vigueur début janvier. Mercredi, l'Iran va même signer un contrat pour l'achat de 114 Airbus, a annoncé le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi, dimanche, dans les médias iraniens. Il faut dire que les rapports commerciaux entre la France et l'Iran ont longtemps été privilégiés. Avant la mise en place de l'embargo en 2012, l'Iran constituait en effet "le premier marché au Moyen-Orient pour les Français", dixit Thierry Coville, spécialiste de l’Iran et chercheur à l'Iris. Ce n’est pas un nouveau marché pour les entreprises françaises."

Autre point fort pour renouer entre les deux pays : l'engagement contre le terrorisme. "Dans la lutte contre Daech, c'est eux qui ont le plus fait", indique François Nicoullaud. "Ils ont envoyé des troupes sur le terrain en Irak".  

>> Retrouvez tous les dimanches de 9 à 10 heures, l'émission de David Abiker, "C'est arrivé demain".