Hong Kong : le projet de loi à l'origine de la contestation va être retiré

La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a dû reculer face aux revendications des manifestants pro-démocratie.
La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a dû reculer face aux revendications des manifestants pro-démocratie. © ANTHONY WALLACE / AFP
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avec AFP , modifié à
Le projet de loi sur les extraditions, à l'origine de la contestation à Hong Kong, va être retiré. Cette décision pourrait cependant ne pas suffire à contenter les manifestants. 

La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a annoncé mercredi le retrait définitif de son projet de loi sur les extraditions, à l'origine de trois mois de contestation sans précédent dans l'ex-colonie britannique. Cette décision, qui constitue une reculade rare de la part du gouvernement pro-Pékin, pourrait cependant ne pas suffire à contenter des manifestants qui ont au fil de l'été élargi leurs revendications, pour dénoncer l'érosion des libertés et les ingérences grandissantes de la Chine dans les affaires de sa région semi-autonome.

"Le gouvernement retirera officiellement le projet de loi afin d'apaiser complètement les inquiétudes de la population", a déclaré Carrie Lam dans une vidéo diffusée par ses services.

Un projet de loi à l'origine d'une grave crise politique

L'ex-colonie britannique traverse depuis début juin sa crise politique la plus grave depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes, et notamment des manifestations monstres, qui ont parfois dégénéré en graves violences. Le retrait du projet de loi sur les extraditions -dont les manifestants redoutaient qu'il ne place la ville à la merci d'une justice chinoise politisée- est une des cinq demandes clés du mouvement.

L'idée que Carrie Lam puisse annoncer l'abandon définitif du texte, dont l'examen avait été suspendu après les premières manifestations, avait été annoncée en début d'après-midi par plusieurs médias hongkongais, puis confirmée par un député qui avait rencontré la cheffe de l'exécutif.

Cet abandon ne signifie pas la fin des protestations 

Ces informations, et l'espoir d'un apaisement dans la crise qui secoue le grand centre financier qu'est Hong Kong, ont fait bondir la Bourse locale, qui a clôturé sur une hausse de près de 3,90%, alors qu'elle avait cédé plus de 10% depuis juin. Mais il n'est pas sûr que cette concession suffise à apaiser des manifestants qui demandent beaucoup plus. "Pas assez, trop tard", a déclaré Joshua Wong, qui fut en 2014 le visage du "Mouvement des parapluies" et qui a été arrêté brièvement la semaine dernière dans le cadre d'un coup de filet contre les grandes figures de la mobilisation actuelle.

Des commentaires furieux sont aussitôt apparus sur les différents forums utilisés par le mouvement pro-démocratie, soulignant notamment qu'un retrait du projet de loi ne mettait pas fin aux protestations. Les manifestants demandent notamment l'introduction du suffrage universel et l'ouverture d'une enquête indépendante sur l'usage de la force par la police.