Guerre en Ukraine : un «consensus très large se dessine» entre Européens, selon le ministre français des Armées

Sébastien Lecornu a affirmé qu’un "consensus très large" se dégage parmi les Européens pour soutenir l’armée ukrainienne après la guerre, soulignant que sa capacité de défense sera "la première des garanties de sécurité" pour Kiev. Lors d’une réunion à Paris, il a écarté toute idée de démilitarisation de l’Ukraine.
Un "consensus très large se dessine" entre Européens pour soutenir l'armée ukrainienne à l'issue du conflit avec la Russie, car elle constitue la "première des garanties de sécurité" pour Kiev, a estimé mercredi le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.
"Le mot 'démilitarisation' émerge, il n'en est rien. Au contraire, la véritable garantie de sécurité dans la durée sera plutôt les capacités que nous allons pouvoir donner à l'armée ukrainienne", a-t-il ajouté après une réunion à Paris avec ses homologues allemand, britannique, polonais et italien.
"Il n'y a pas d'avenir pour l'Ukraine sans possibilité de se défendre, une Ukraine démilitarisée n'existe pas", a renchéri le ministre italien Guido Crosetto.
Son homologue polonais Wladyslaw Kosiniak-Kamysz a lui aussi salué une "vrai unité du continent (...) face à la menace venant de l'Est". Il s'agit selon lui de "tenir le plus possible la Russie à distance de tous nos États. Et pour cela, il faut aider l'Ukraine".
Quant à un éventuel déploiement de troupes européennes en Ukraine pour s'assurer du respect d'un cessez-le-feu, "on n'en est pas là", a balayé Sébastien Lecornu, rappelant que tout dépendrait de la mission qui serait envisagée.
"Réfléchir" et proposer des options d'une "architecture de sécurité"
La réunion des ministres de la Défense dans ce format dit "E5" intervient au lendemain d'une rencontre des chefs d'état-major de 34 pays, à qui le chef de l'État français Emmanuel Macron a demandé de planifier des "garanties de sécurité crédibles" à apporter à Kiev.
Il s'agit pour eux de "réfléchir" et proposer des options d'une "architecture de sécurité" en vue d'un "cessez-le-feu durable", a expliqué Sébastien Lecornu. "À ce stade, une quinzaine de pays se montrent intéressés pour poursuivre ce processus", a-t-il assuré, précisant qu'une nouvelle réunion serait organisée "d'ici 15 jours" avec les ministres de la Défense de tous les pays concernés.
Le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius ainsi que des représentants ukrainien et de l'Otan ont également pris par à la réunion, alors que les États-Unis pressent Moscou d'accepter leur proposition d'une trêve de 30 jours en Ukraine, acceptée par Kiev.
"Acceptez le cessez-le-feu, commencez les négociations et mettez fin à la guerre"
"La balle est dans le camp (du président russe Vladimir) Poutine", a jugé le ministre italien Guido Crosetto. "Vous avez dit que vous vouliez parler, prouvez-le : acceptez le cessez-le-feu, commencez les négociations et mettez fin à la guerre", a enjoint au président russe le Britannique John Healey.
Pour le ministre allemand Boris Pistorius, il faut pour les Européens utiliser "au mieux cette période" de la trêve si Moscou l'accepte. Les ministres se sont également accordés "sur la nécessité de garantir des capacités européennes plus solides pour assurer la sécurité et la défense européennes" face à la Russie, selon une déclaration commune.
Cela passe par notamment l'augmentation des budgets de défense et le renforcement des capacités de production d'armements. "Certains pays, et je parle pour mon pays, se sont cachés derrière le parapluie américain et n'ont pas investi dans la défense", a déploré Guido Crosetto.
Il faudra également travailler sur les simplifications administratives aux niveaux national et européen, ou encore sur une "uniformisation des systèmes d'armes" entre les différents pays, selon le ministre allemand Boris Pistorius. "On ne peut pas accepter qu'un système d'arme certifié" dans un pays doive subir ensuite le même processus de certification dans chaque autre, "on perd beaucoup de temps, ça coûte beaucoup d'argent", a-t-il martelé.
Il faut également traiter les "urgences", selon son homologue français, notamment dans le renforcement des capacités en matière spatiale, de défense sol-air et de détection de tirs de missiles balistiques.