Guerre en Ukraine : des villages du nord du pays toujours sous le feu russe, près 6.000 habitants évacués

ukraine, kharkiv
© Vyacheslav Madiyevskyy / NurPhoto / NurPhoto via AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : Vyacheslav Madiyevskyy / NurPhoto / NurPhoto via AFP (Illustration) , modifié à
La Russie poursuit son offensive dans le nord-est de l'Ukraine, où une trentaine de villages sont touchées par des tirs. Près de 6.000 habitants ont été évacués de ces zones depuis le début des combats. La ville de Kharkiv ne serait pas menacée à ce stade.
L'ESSENTIEL

Une trentaine de villages du nord-est de l'Ukraine sont lundi sous le feu de la Russie, qui poursuit sa nouvelle offensive dans la région de Kharkiv, occupant des dizaines de km2 de territoire en quelques jours. "Plus de 30 localités de la région de Kharkiv ont été touchées par des tirs d'artillerie et de mortier ennemis", a indiqué sur les réseaux sociaux le gouverneur régional, Oleg Synegoubov. Il précise que 5.762 habitants au total ont été évacués de ces zones depuis le début des combats.

Les forces russes ont franchi la frontière depuis vendredi pour mener une offensive dans les directions de Lyptsi et Vovtchansk, deux localités situées respectivement à une vingtaine et une cinquantaine de km au nord-est de Kharkiv, la deuxième ville du pays. "Actuellement, l'ennemi connaît des succès tactiques", a reconnu tôt lundi l'état-major ukrainien dans un communiqué sur Facebook. Moscou a mobilisé "jusqu'à cinq bataillons", selon Kiev.

Les informations à retenir :

  • La Russie poursuit son offensive dans le nord-est de l'Ukraine
  • Une trentaine de villages sont confrontés à des bombardements russes
  • 5.762 habitants ont été évacués des zones concernées
  • La ville de Kharkiv n'est pas menacée à ce stade
  • "Plus de 30.000" soldats russes sont engagés dans la nouvelle offensive menée par Moscou dans le nord-est de l'Ukraine, près de la deuxième ville du pays, Kharkiv, qui n'est "pas menacée"

Selon la chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, les Russes sont parvenus à occuper une bande d'environ 70 km2 dans la région de Lyptsi et une autre de 34 km2 vers Vovtchansk. De son côté, le journaliste et blogueur militaire ukrainien Iouriï Boutoussov a indiqué qu'au "premier jour de l'offensive russe" vendredi, le chef militaire de la zone de Kharkiv avait été remplacé "en raison de certains problèmes". L'AFP a pu voir dimanche des personnes évacuées près de Vovtchansk, la plupart âgées et désorientées.

"Nous n'étions pas prêtes à partir", a déclaré Lyouda Zelenskaya, 72 ans, son chat Zhora dans les bras. Comme elle, Liouba Konovalova, 70 ans, s'est remémorée "la nuit terrifiante" qui a précédé leur évacuation. "Des batailles défensives et des combats acharnés se poursuivent sur une grande part de notre frontière", a résumé dimanche soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "L'idée derrière les attaques dans la région de Kharkiv est d'étirer nos forces et de saper le moral" de l'armée ukrainienne.

"30.000" soldats russes engagés dans la nouvelle offensive, Kharkiv "pas menacée"

"Plus de 30.000" soldats russes sont engagés dans la nouvelle offensive menée par Moscou dans le nord-est de l'Ukraine, près de la deuxième ville du pays, Kharkiv, qui n'est "pas menacée", a déclaré lundi à l'AFP le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine.

"Environ 50.000 (soldats russes) se trouvaient à la frontière. Maintenant, il y en a bien plus de 30.000 qui attaquent" dans la région, depuis vendredi, a déclaré Oleksandr Lytvynenko lors d'un entretien accordé à l'AFP, en ajoutant qu'il n'y avait à ce stade "aucune menace d'assaut contre la ville de Kharkiv".

Pas de percée massive

Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l'armée de Moscou, après quatre jours d'offensive russe, "aucune percée à grande échelle des défenses ennemies n'a été enregistrée". "Après avoir dégagé la zone frontalière 'grise', les unités d'assaut russes se sont concentrées sur la pénétration des bastions et des lignes défensives des forces armées ukrainiennes", ajoute la chaîne lundi dans un rapport matinal.

Kharkiv n'est pas menacée à ce stade, "malgré tous les événements qui se déroulent dans la région", et la ville "est calme, nous ne voyons pas de gens partir", a déclaré dimanche son maire, Igor Terekhov. Les autorités de Kiev prévenaient depuis des semaines que Moscou pourrait tenter d'attaquer les régions frontalières du nord-est, alors que l'Ukraine est confrontée à des retards dans l'aide occidentale et qu'elle manque de soldats.

Cette avancée russe intervient au moment où à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a procédé dimanche soir à un remaniement surprise et remplacé son emblématique ministre de la Défense Sergueï Choïgou, après deux ans de conflit en Ukraine sans issue claire. Le nouveau ministre, Andreï Belooussov, a une formation d'économiste et -- comme Sergueï Choïgou au moment sa nomination en 2012 -- n'a aucun bagage militaire.

À l'intérieur de la Russie et dans les zones d'Ukraine occupées par les Russes, les forces ukrainiennes ont multiplié les frappes, en particulier contre les infrastructures énergétiques. L'Ukraine a revendiqué lundi avoir frappé un terminal pétrolier et une sous-station électrique respectivement dans les régions de Belgorod et de Lipetsk, dans l'ouest de la Russie, non loin de la frontière ukrainienne.

La partie russe n'a donné aucune indication s'agissant de l'attaque contre le terminal pétrolier, mais le gouverneur de Lipetsk a lui confirmé un incendie à la sous-station électrique, sans pour autant révéler la cause de ce dernier, ni accuser l'Ukraine. Le ministère russe de la Défense a quant à lui assuré avoir neutralisé dans la nuit 31 drones ukrainiens dans plusieurs régions du pays et en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014. Kiev dit agir en réponse aux frappes de l'armée russe contre des sites civils, à commencer par ses infrastructures énergétiques.