Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du seizième jour de l'invasion russe

Des frappes aériennes se sont abattues sur des zones civiles © Aris Messinis / AFP
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avec AFP , modifié à

Au seizième jour de l'invasion russe en Ukraine, des frappes aériennes se sont abattues sur des zones civiles à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, une ville épargnée jusqu'à présent par les forces russes. L'armée russe continue également de se rapprocher de Kiev avec de nouveaux bombardements dans la banlieue ouest de la ville.

Des frappes aériennes se sont abattues vendredi sur des zones civiles faisant une victime à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine , selon les services d'urgence ukrainiens. Tôt le matin, "il y a eu trois frappes aériennes dans la ville, frappant un jardin d'enfants, un immeuble d'appartements et une usine de chaussures à deux étages où un incendie s'est ensuite déclaré. Une personne est décédée", ont déclaré les secours ukrainiens dans un communiqué.

Des chars russes aux portes de Kiev 

L'armée russe tente d'éliminer les défenses ukrainiennes dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de Kiev pour "bloquer" la capitale, a indiqué l'état-major ukrainien dans la nuit de jeudi à vendredi. A Irpin , dans la banlieue ouest de la capitale, de nouveaux bombardements ont eu lieu. "Nous avons entendu tout d'abord de longues salves de lance-roquettes multiples partant des positions ukrainiennes proches de Kiev vers les positions russes. Il y a également eu des bombardements plus éloignés, entendus au delà d'Irpin, mais pas très loin non plus", raconte Nicolas Tonev, l'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine. 

D'autres villes de cette banlieue ouest, zone la plus disputée autour de Kiev, ont été touchées par les frappes russes. De longs panaches noirs de fumée s'étendent sur plusieurs kilomètres. "Ce n'est pas forcément ceux des bombardements. Ils peuvent aussi être ceux de pneus que les Ukrainiens font brûler pour gêner l'aviation", précise-t-il. Des centaines de voitures ont été abandonnées dans cette zone par les civils ayant fui l'invasion russe à cause du pont brisé en direction de Kiev. Leur départ ne peut se faire qu'à pied. 

© NICOLAS TONEV / EUROPE 1

Après une progression modérée ces derniers jours, la Russie devrait redémarrer son offensive prochainement, notamment à Kiev, selon le ministère britannique de la Défense. L'Institut pour la recherche sur la guerre, un centre de recherche américain, estime pourtant que "la probabilité augmente" que les forces ukrainiennes puissent maintenir les forces russes "à l'arrêt" autour de la ville.

Des frappes russes sur un centre pour personnes handicapées près de Kharkiv

Un établissement pour personnes handicapées a été touché vendredi par des frappes russes, près de Kharkiv, dans l'Est de l'Ukraine, sans toutefois faire de victimes selon un premier bilan des services d'urgence. "L'ennemi a frappé aujourd'hui un établissement spécialisé pour personnes handicapées près d'Oskil", a indiqué sur Telegram le responsable de l'administration régionale, Oleh Sinegoubov.

A Kharkiv, à 50 km de la frontière russe, encerclée et frappé par d'intenses bombardements, les forces russes "sont à présent juste à l'extérieur" de la deuxième ville d'Ukraine, a affirmé le Pentagone mercredi soir.  Dans le sud-est du pays, les troupes de Moscou concentrent leurs efforts sur la ville portuaire assiégée depuis dix jours de Marioupol et sur Severodonetsk.

Vladimir Poutine appelle les combattants syriens à les rejoindre

Quelques 150.000 membres des forces russes sont déjà déployés en Ukraine. Ce vendredi, Vladimir Poutine franchit un nouveau pas. Il appelle les combattants syriens à rejoindre les forces russes. Selon le président russe, c'est une réponse à l'envoi par l'Occident de mercenaires. 

"C'est une guerre patriotique. C'est une guerre avec un ennemi très têtue qui ne fait pas attention aux milliers de ces gens tués et aux soldats tués qui rassemblent maintenant des réservistes et des conscrits dans toute la Russie pour les jeter dans l'enfer de cette guerre. [Vladimir Poutine] a décidé d'embaucher des mercenaires contre nos citoyens, des assassins de civils de Syrie, d'un pays où tout a été détruit par les occupants comme ils nous le font subir à nous", s'est exprimé Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, suite à cette annonce. 

Selon le général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire, cet appel de Vladimir Poutine aux Syriens s'explique en plusieurs points. "La première raison est de mettre en face des Ukrainiens qui lui résistent des non-slaves, de façon à éviter toute fraternisation éventuelle", commence-t-il. C'est pour cette raison que la prise de Kiev est importante pour les Russes car c'est le berceau de l'orthodoxie russe.

"La seconde raison est qu'il a des pertes assez importantes donc autant que ce soit des soldats syriens pour lesquels il n'a pas à rendre de comptes. Les mères de soldats russes ont des associations puissantes et il craint peut-être une révolution venant de la rue", conclut le général.

Echec des négociations russo-ukrainiennes

Les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne ont échoué jeudi à s'accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine au cours de leur première rencontre depuis le début de l'offensive de l'armée russe. Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions à Antalya (Turquie).

Le ministre ukrainien a déclaré que son homologue russe lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler". Mais l'Ukraine "ne se rendra pas", a-t-il clamé.

Moscou annonce des couloirs humanitaires vers la Russie

Le ministère russe de la Défense a promis jeudi l'ouverture de couloirs humanitaires pour permettre aux Ukrainiens fuyant les combats de rejoindre son territoire, "chaque jour à partir de 10H00 du matin", alors que Kiev réclame des couloirs permettant l'évacuation de civils à l'intérieur de l'Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi l'armée russe d'empêcher l'évacuation de civils des villes encerclées de Marioupol et Volnovakha (sud-est) et d'avoir mené une attaque sur le trajet prévu d'un couloir humanitaire.