G20 3:55
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avec AFP , modifié à
Au 134e jour de la guerre en Ukraine, les forces russes ont bombardé jeudi plusieurs villes du Donbass, bassin de l'est de l'Ukraine qu'elles tentent de conquérir en totalité, notamment celle de Kramatorsk, où au moins un civil a été tué. À Kramatorsk, l'explosion a creusé un large cratère dans une cour située entre un hôtel et des immeubles d'habitation.
L'ESSENTIEL

Les forces russes ont bombardé jeudi plusieurs villes du Donbass, bassin de l'est de l'Ukraine qu'elles tentent de conquérir en totalité, notamment celle de Kramatorsk, où au moins un civil a été tué, selon les autorités locales. À Kramatorsk, capitale de la partie du Donbass tenue par les Ukrainiens, l'explosion a creusé un large cratère dans une cour située entre un hôtel et des immeubles d'habitation, ont constaté des journalistes de l'AFP. Ils y ont vu le corps d'une personne tuée et des blessés, ainsi que deux voitures en feu. "Frappe aérienne contre la partie centrale de Kramatorsk. Il y a des victimes", a annoncé sur Facebook le maire de la ville, Oleksandr Gontcharenko, en appelant les habitants à rester dans les abris.

Les informations à retenir :

  • Un bombardement à Kramatorsk a fait au moins un mort
  • Au moins sept civils ont été tués et deux autres blessés mercredi dans des frappes russes dans la région de Donetsk
  • Les ministres des Affaires étrangères des pays du G20 se réunissent jeudi et vendredi à Bali
  • Une déclaration commune du G20 sur l'Ukraine serait difficile en raison de la participation de la Russie au sommet

Cette "attaque délibérée contre les civils" a fait "un mort et six blessés", a déclaré sur Telegram le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, en précisant que ces chiffres étaient provisoires et que "six immeubles ont été endommagés, dont un hôtel et un immeuble résidentiel". "Je demande à tout le monde : évacuez ! L'évacuation, c'est provisoire, il faut préserver la vie maintenant", a-t-il ajouté. Les Russes, qui ont avancé ces dernières semaines dans le Donbass, leur objectif prioritaire depuis leur retrait des environs de Kiev fin mars, affirment avoir pris il y a quelques jours le contrôle total de la province de Lougansk, l'une des deux formant le bassin minier.

Les Russes "ne sont toujours pas parvenus aux limites de la région", a démenti jeudi le gouverneur de la province, Serguiï Gaïdaï, en accusant les Russes d'enrôler de force des habitants des villes de Severodonetsk et Lyssytchansk, sous leur contrôle, en leur faisant miroiter un emploi.

Les Russes cherchent à conquérir le Donetsk

Les forces de Moscou cherchent maintenant à conquérir l'autre province, celle de Donetsk, pour occuper l'intégralité du Donbass, que les séparatistes soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014. Le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a fait état d'au moins sept civils tués mercredi par des multiples tirs d'artillerie et de lance-roquettes sur plusieurs localités. Dans cette province, Sloviansk et sa ville jumelle Kramatorsk sont considérées comme les prochaines cibles des forces russes dans leur plan de conquête du Donbass, après quatre mois et demi de conflit.

Mardi, les roquettes russes avaient frappé et en partie incendié et détruit un marché dans le centre de Sloviansk, et tué au moins deux personnes. Mercredi, le maire de Sloviansk, Vadim Liakh, avait indiqué que l'évacuation de la ville, encouragée par les autorités locales, était "en cours". "J'envoie ma femme et après je n'ai plus le choix, je m'enrôle dans l'armée demain", a déclaré à l'AFP Vitaly, 30 ans, après avoir fait ses adieux à sa femme Svitlana, partie mercredi pour Dnipro (centre) dans un bus avec quelque 150 femmes et enfants à bord.

"Il fallait qu'elles partent, après ce qui est arrivé hier (mardi), ils ont touché le centre ville", a expliqué Vitaly, en se disant persuadé que Sloviansk ne tombera pas aux mains des Russes et que sa famille y reviendra. Il restait mercredi dans la ville encore environ 23.000 des quelque 110.000 habitants qu'elle comptait avant le conflit, avait précisé son maire, en y dénombrant 17 morts et 67 blessés depuis le début des hostilités. Dans le sud, les Russes bombardent toujours la région de Mykolaïv et les combats font rage autour de la ville de Kherson, qu'ils occupent depuis les premiers jours de la guerre et où ils tentent d'empêcher les contre-attaques ukrainiennes, selon Kiev.

L'armée ukrainienne a enfin affirmé jeudi avoir repris le contrôle de l'île aux Serpents en mer Noire, après y avoir remis son drapeau quelques jours plus tôt, à la suite du retrait des forces russes de ce petit territoire symbolique. Moscou a de son côté affirmé y avoir procédé dans la matinée à une frappe avec des "missiles de haute précision", tuant une partie des soldats ukrainiens allés y planter un drapeau et provoquant la fuite des survivants.

Réunion du G20 à Bali

Les ministres des Affaires étrangères des pays du G20 se réunissent à Bali. Un des enjeux du sommet sera de faire avancer les discussions sur l'Ukraine, malgré la participation de la Russie, a estimé un responsable américain. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken ne devrait cependant pas y rencontrer son homologue Sergei Lavrov.

Les États-Unis pensent que la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du G20 à Bali pourra permettre de faire avancer les discussions sur l'Ukraine, et ce, malgré la participation de la Russie, a estimé jeudi un responsable américain. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken devait arriver jeudi dans l'île indonésienne pour cette réunion, mais il ne devrait pas y rencontrer son homologue russe Sergei Lavrov, a fait savoir le département d'État.

Un responsable américain a déclaré s'attendre à ce que "pratiquement tous les pays du G20" s'accordent sur des initiatives visant à remédier à l'insécurité alimentaire mondiale et à la volatilité des prix de l'énergie entraînées par l'invasion russe de l'Ukraine. La même source a reconnu qu'une déclaration commune du G20 sur l'Ukraine ne serait pas possible en raison de la participation de la Russie au sommet.

"Établir la responsabilité de la Russie"

"Que le G20 en tant qu'entité approuve ou non quelque chose est moins important que le fait que tous les pays (qu'il réunit) appuient quelque chose que nous essayons de faire", a déclaré ce responsable américain lors d'une escale à Tokyo pour faire le plein de carburant. "Vous verrez que nous serons en mesure, si nécessaire, d'établir clairement la responsabilité de la Russie sur certains des problèmes auxquels le G20 va s'attaquer", a-t-il ajouté.

S'il ne rencontrera pas Sergei Lavrov, Antony Blinken doit en revanche s'entretenir à Bali avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, afin d'aborder la question des tensions sino-américaines. Aucune annonce ne devrait cependant être faite au sujet d'un éventuel allègement des barrières tarifaires de Washington sur les importations chinoises, a estimé le responsable américain. L'Indonésie a invité le président russe Vladimir Poutine au sommet du G20 qui se tiendra en novembre à Bali, malgré la pression occidentale et notamment des États-Unis pour l'isoler. Comme solution de compromis, l'Indonésie a également convié le président ukrainien Volodymyr Zelensky.