Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 474e jour de l'invasion russe

ukraine  Kryvyï Rig
Un immeuble résidentiel a été touché par des frappes russes à Kryvyï Rig. © Handout / National Police of Ukraine / AFP
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avec AFP // Crédit photo : Handout / National Police of Ukraine / AFP , modifié à
Au 474e jour du conflit, l'armée russe annonce avoir capturé pour la première fois sur le front des chars de fabrication allemande Leopard et des blindés de fabrication américaine Bradley. Dans le même temps, un immeuble a été frappé de plein fouet par un missile qui a fait au moins 11 morts dans le centre de l'Ukraine.
L'ESSENTIEL

Des frappes russes sur la ville industrielle de Kryvyï Rig, dans le centre de l'Ukraine, ont fait au moins 11 morts mardi avant l'aube, la Russie poursuivant sa tactique de bombardements nocturnes du pays en pleine contre-offensive ukrainienne. Kiev de son côté a indiqué lundi soir que son offensive dans le Sud et l'Est pour libérer des territoires occupés par la Russie était "difficile" mais progressait avec la reprise d'une poignée de villages dans le Sud du pays.

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Moscou, qui dit depuis des jours repousser des attaques ukrainiennes, a revendiqué pour la première fois mardi la prise de chars allemands Leopard et de blindés américains Bradley, des véhicules fournis par les Occidentaux pour que Kiev puisse mener sa vaste contre-offensive.

Les informations à retenir :

  • Un immeuble résidentiel touché par une frappe à Kryvyi Rih, au moins 11 morts
  • Le président Volodymyr Zelensky a affirmé que l'offensive de l'armée ukrainienne en cours dans le sud et l'est du pays était "difficile" mais progressait.
  • Vladimir Poutine admet un manque de munitions de haute précision et de drones dans l'arsenal de la Russie
  • La contre-offensive ukrainienne va durer "plusieurs semaines, voire mois", a déclaré lundi le président français Emmanuel Macron.

La Russie envisage de quitter l'accord céréalier

La Russie envisage de quitter l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes en raison notamment du non-respect, selon Moscou, de clauses sur l'exportation des engrais russes, a affirmé Vladimir Poutine.

"Nous réfléchissons maintenant à nous retirer de cet accord céréalier (...) De nombreuses conditions qui devaient être appliquées n'ont pas été respectées", a déclaré M. Poutine lors d'une réunion télévisée avec des correspondants de guerre russes. Il a aussi accusé Kiev d'utiliser les couloirs maritimes prévus par cet accord pour attaquer la flotte russe avec des drones.

La Russie manque de munitions de haute précision et de drones, selon Poutine

L'offensive militaire en Ukraine a mis en lumière un manque de munitions de haute précision et de drones dans l'arsenal de la Russie, a déclaré mardi le président Vladimir Poutine. "Il est clairement apparu que plusieurs choses manquaient : des munitions de haute précision, des équipements de communication, des drones", a énuméré M. Poutine lors d'une réunion avec des correspondants de guerre russes. "Nous en avons, mais pas en quantité suffisante, malheureusement", a-t-il ajouté.

La Russie aurait pu être "mieux préparée" aux attaques de drones et d'artillerie sur son territoire à partir de l'Ukraine, qui se sont multipliées ces dernières semaines, a également admis mardi le président Vladimir Poutine. "Bien sûr, il est nécessaire de renforcer la frontière (...) Il était possible d'être mieux préparé à cela", a déclaré M. Poutine au cours d'une réunion avec des correspondants de guerre russes. La région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a été visée ces dernières semaines par plusieurs frappes d'artillerie et de drones, ainsi que par une incursion d'hommes armés.

Une "attaque massive de missiles" dans la ville de naissance de Zelensky

A Kryvyï Rig, ville de naissance du président ukrainien Volodymyr Zelensky située dans la région de Dnipropetrovsk, une "attaque massive de missiles" a touché plusieurs endroits de la cité et notamment un immeuble résidentiel, selon les autorités locales. "Un immeuble de cinq niveaux a été endommagé", a rapporté l'administration régionale de Dnipropetrovsk sur Telegram. Selon le gouverneur régional Serguiï Lyssak, le bilan est de 11 morts, après la découverte d'un dernier corps sous des décombres. Le précédent bilan faisait état de 10 morts, une personne sous les décombres, 28 blessés dont 12 hospitalisés.

L'administration régionale a publié une photo de l'immeuble très endommagé et noirci par les flammes, de la fumée s'échappant des étages. À Kiev, l'administration militaire a également rapporté des frappes nocturnes de "missiles de croisière", tout en assurant que "toutes les cibles ennemies dans l'espace aérien autour de Kiev ont été détectées et détruites avec succès".

"Sept villages libérés"

Lundi soir, le président Zelensky a assuré que l'offensive en cours contre les troupes russes était "difficile" mais "progressait". "Les combats sont difficiles, mais nous progressons", a-t-il déclaré dans son adresse quotidienne, assurant que "les pertes ennemies sont exactement au niveau dont nous avons besoin". "La météo n'est pas favorable - la pluie rend notre tâche plus difficile - mais la force de nos soldats donne de bons résultats", a-t-il ajouté, saluant le retour du drapeau ukrainien dans des "territoires nouvellement libérés".

Les autorités ukrainiennes ont dit lundi soir avoir repris sept villages après plus d'une semaine de combats. Plusieurs localités ont notamment été reprises dans la région de Zaporijjia (Sud), a précisé la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar sur Telegram, évaluant à 90 km2 la superficie du territoire repris par les Ukrainiens. Le ministère de la Défense a également affirmé lundi avoir "avancé de 250 à 700 mètres" autour de la ville dévastée de Bakhmout (Est), dont la capture a été revendiquée en mai par la Russie.

 

Moscou a pour sa part affirmé avoir repoussé les attaques ukrainiennes dans la région de Donetsk (Est), près de Velyka Novossilka ainsi que près du village de Levadné, proche de Zaporijjia. Ces affirmations de Moscou et de Kiev n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.

L'Ukraine n'aurait pas encore lancé le gros de ses forces dans sa contre-offensive

Alors que l'armée russe a publié deux vidéos montrant des chars allemands Leopard endommagés ou capturés, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a prévenu qu'il ne pourrait remplacer tous les tanks fournis par son pays à l'Ukraine et mis hors d'usage. Du côté de l'armée de l'air, l'ambassadeur ukrainien à Canberra, Vassyl Myrochnytchenko, a indiqué mardi à l'AFP que l'Ukraine s'était enquise auprès de l'Australie de l'état d'une quarantaine de chasseurs F-18 retirés du service.

Selon des analystes militaires, l'Ukraine n'a pas encore lancé le gros de ses forces dans sa contre-offensive, et ses gains se trouvent encore à une dizaine ou une quinzaine de kilomètres des principales défenses russes. Actuellement, ces opérations semblent se concentrer sur trois axes principaux : Bakhmout à l'Est, dans la zone de Voulegdar (Sud-Est) et dans celle d'Orikhiv (Sud)

Enfin, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi était à Kiev mardi et doit aller inspecter, peut-être mercredi, la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie, pour voir notamment si celle-ci a été mise en danger par la destruction d'un barrage sur le fleuve Dniepr.

La destruction du barrage de Kakhovka dont l'eau est utilisée pour refroidir les six réacteurs n'a eu aucun effet sur le refroidissement de la centrale, selon les autorités russes et ukrainiennes. Ailleurs dans le sud elle a provoqué de graves inondations, faisant 17 morts en zone occupée par la Russie et dix en zone sous contrôle ukrainien. L'Ukraine accuse Moscou d'avoir démoli l'ouvrage pour gêner sa contre-offensive. La Russie dément et accuse Kiev en retour.