Gabon : cinq morts, situation toujours très tendue

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Une jeune femme emmenée à l'hôpital après une émeute à Libreville, la capitale gabonaise. © MARCO LONGARI / AFP
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avec agences , modifié à
48h après l'annonce de la réélection du président gabonais Ali Bongo, qui a entraîné une explosion de violences à Libreville, la situation ne semble pas s'apaiser dans le pays.

Émeutes meurtrières, pillages et interpellations en série : la situation est toujours extrêmement tendue au Gabon, deux jours après l'annonce de la réélection du président Ali Bongo par la commission électorale mercredi.

Les infos à retenir :

  • La commission électorale a annoncé la réélection d'Ali Bongo à la tête du Gabon avec 49,80% des voix, un résultat contesté par l'opposition. 
  • Depuis l'annonce de cette réélection, le pays est en proie à de violents affrontements.
  • Cinq morts sont à déplorer.

Des scènes de chaos. Deux hommes sont morts dans la nuit de jeudi à vendredi dans un quartier de Libreville, à la suite d'affrontements avec les forces de sécurité. Il s'agit d'un étudiant en droit de 27 ans, mort des suites de ses blessures, et d'un homme de 28 ans tué par balles. La veille, le camp des opposants déploraient déjà trois morts et plusieurs blessés.

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La dépouille d'une des victimes de la nuit at été portée dans Libreville sur un brancard de fortune par des habitants en colère, enveloppée dans le drapeau du Gabon. MARCO LONGARI / AFP

Le centre de Libreville, la capitale gabonaise, était quadrillé jeudi par les forces de l'ordre, notamment aux abords de l'Assemblée nationale, incendiée mercredi. Les grands axes étaient dévastés, bordés de bâtiments incendiés et jonchés de restes de barricades, stigmates des violences entre manifestants et forces de l'ordre. La pénurie de pain menace à Libreville et les autres villes du pays, tout comme celle de produits frais, les transports étant paralysés. Une situation aggravée par les pillages massifs de commerces.

"Séquestrés" dans le QG de Ping. Vingt-sept leaders de l'opposition et de la société civile gabonaise ont été retenus au quartier général de Jean Ping, de jeudi matin à vendredi après-midi. Parmi elles, l'ancien vice-président de la République Didjob Ding Duvungui ou encore Zacharie Myboto, ancien ministre d'Omar Bongo, le père d'Ali Bongo. "Nous avons dormi à même le sol, avec les moustiques et le crépitement des armes dans la quartier", a expliqué Paul-Marie Gondjout, le représentant de Jean Ping à la commission électorale. Ils ont finalement été libérés, a annoncé le porte-parole du gouvernement gabonais, de passage à Paris. L'opposant Jean Ping a, de son côté, trouvé refuge dans un endroit indéterminé.  

La France priée d'intervenir. Sur Europe 1, Jean Ping a appelé la France à venir en aide au Gabon. "La France est intervenue ailleurs, en Centrafrique pour éviter une guerre civile et un bain de sang. Elle pourrait beaucoup plus facilement (...) éviter une situation comme ça au Gabon, en appelant notre tyran à la raison, à accepter la volonté des urnes", a estimé le candidat vaincu. "Vous voyez un président qui vient bombarder son peuple, la nuit, par hélicoptère, et qui vient raser un quartier général. Il a arrêté tout le monde, partout", a-t-il détaillé.

Une situation qui risque de se tendre. Selon le ministre gabonais de l'Intérieur, un millier de personnes ont été interpellées entre mercredi soir et jeudi après-midi : entre 600 et 800 à Libreville et 200 à 300 dans le reste du pays. "Pour l'instant, nous faisons uniquement du maintien de l'ordre. Lorsque le moment sera venu, nous prendrons des mesures pour rétablir l'ordre sans équivoque", n'a pas hésité à prévenir le ministre de l'Intérieur.

Ali Bongo se dédouane. Pris à partie par la communauté internationale et l'opposition, le président gabonais Ali Bongo a affiché sa fermeté, rejetant la responsabilité des violences sur des "groupuscules formés à la destruction". "Les élections ont rendu leur verdict (...) Qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon", a encore accusé le fils et successeur d'Omar Bongo, en visant Jean Ping, son principal rival à la présidentielle, qui était parvenu à rallier d'autres candidats importants de l'opposition.

Jean Ping : "le président, c'est moi !" Dans sa première déclaration depuis la proclamation des résultats, le candidat vaincu a, à nouveau, appelé à un nouveau décompte des voix. "Le monde entier connaît qui est le président de la République: c'est moi, Jean Ping", a-t-il ajouté, se disant "très préoccupé" par la situation du pays, "qui évolue vers le chaos généralisé".