Extrême droite : prise dans une tempête politique, Angela Merkel congédie un secrétaire d'État

Angela Merkel a renvoyé un membre de son gouvernement qui s'était félicité de l'arrivée au pouvoir d'un libéral dans l'État régional de Thuringe grâce aux voix du parti nationaliste AFD.
Angela Merkel a renvoyé un membre de son gouvernement qui s'était félicité de l'arrivée au pouvoir d'un libéral dans l'État régional de Thuringe grâce aux voix du parti nationaliste AFD. © AFP
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avec AFP , modifié à
Christian Hirte, secrétaire d'État allemand, a été poussé vers la sortie du parti démocrate-chrétien (CDU) d'Angela Merkel, samedi. La raison ? Il s'était félicité de l'arrivée au pouvoir d'un libéral dans l'État régional de Thuringe, alors que cette victoire s'était faite grâce aux voix du parti nationaliste AFD. 

C'est le deuxième membre du parti démocrate-chrétien (CDU) à quitter ses fonctions en deux jours. Angela Merkel a congédié samedi Christian Hirte, secrétaire d'État au ministère de l'Économie et de l'Énergie. Celui-ci s'était ostensiblement félicité dans un message sur Twitter de l'élection d'un dirigeant pour l'État régional de Thuringe. Le problème ? Cette victoire avait été rendue possible par une alliance inédite entre élus régionaux de la CDU et du parti nationaliste d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Une alliance rejetée fermement par Angela Merkel par la suite.

"La chancelière m'a informé lors d'un entretien que je ne pouvais plus être commissaire du gouvernement. À sa demande j'ai donc demandé à être démis de mes fonctions", a indiqué pour Christian Hirte sur Twitter. L'intéressé était sous le feu des critiques depuis plusieurs jours.

Vers un nouveau scrutin 

Le secrétaire d'État est la deuxième victime en deux jours de cette affaire au sein du parti de la chancelière : le chef de file des parlementaires CDU en Thuringe, Mike Möhring, a aussi annoncé vendredi qu'il quitterait prochainement, en mai, ses fonctions. Il l'a fait sous la pression de sa direction nationale ulcérée. C'est lui qui avait supervisé le vote des élus CDU de Thuringe lors de l'élection mercredi du nouveau dirigeant régional. Ce dernier, un élu du petit parti libéral FDP, Thomas Kemmerich, a fait savoir, samedi, au vu de la polémique, qu'il abandonnait son poste, ouvrant la voie à un nouveau scrutin. 

"J'annonce ma démission en tant que ministre-président de Thuringe avec effet immédiat", a déclaré Thomas Kemmerich, dirigeant de l'État régional allemand de Thuringe. Il avait été tout juste désigné cette semaine à la suite d'une alliance très controversée avec l'extrême droite. 

Le souvenir des années 1930

L'affaire a ranimé en Allemagne le souvenir des années 1930 et de l'arrivée au pouvoir du parti nazi, grâce notamment à des alliances avec la droite traditionnelle. C'est en Thuringe même que le mouvement d'Adolf Hitler, le NSDAP, avait entamé sa course progressive vers le pouvoir. De surcroît, l'AfD est dirigée dans cette région par l'aile la plus radicale du mouvement et son chef de file Björn Höcke, qui entend rompre avec la culture allemande de repentance pour les crimes du IIIème Reich. L'hebdomadaire Der Spiegel parle samedi à propos de l'alliance de Thuringe d'un signe de "désintégration de la démocratie libérale" et ce "même si le pire a pu être évité".