Présidentielle américaine : plus jeune, moins extravagant... Ron DeSantis a-t-il une chance de victoire sur Donald Trump ?

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis s'est lancé dans la course à la Maison-Blanche.
Le gouverneur de Floride Ron DeSantis s'est lancé dans la course à la Maison-Blanche. © STEPHEN MATUREN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : STEPHEN MATUREN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Le gouverneur de Floride Ron DeSantis est, depuis mercredi, officiellement candidat à l'investiture républicaine en vue de l'élection présidentielle américaine de 2024. Très proche de Donald Trump sur le plan idéologique, il s'en démarque par son attitude et son expérience politique. Suffisant pour prendre le dessus sur l'ancien président ?

L'annonce était attendue depuis plusieurs semaines. La forme choisie l'était, en revanche, beaucoup moins. Ce mercredi, Ron DeSantis (44 ans), a officialisé sa candidature pour l'investiture républicaine en vue de la présidentielle américaine de 2024. Mais au lieu d'opter pour un canal de diffusion classique, le gouverneur de Floride a choisi... Twitter pour mettre fin au faux suspense. Aux côtés du patron de la plateforme, le très controversé Elon Musk, Ron DeSantis a prononcé une déclaration de candidature jugée fade et sans émotion au terme d'une longue série de problèmes techniques rendant impossible la retransmission vidéo. Une entrée en matière ratée alors que les sondages le placent assez largement derrière son rival Donald Trump.

Cet écart, allant de 20 à 30 points selon lesdits sondages, n'incite pas à l'optimisme pour le camp DeSantis. Néanmoins, à plus d'un an de l'échéance, difficile de se prêter au jeu des pronostics. "Disons que c'est mal parti pour lui mais les campagnes électorales aux États-Unis sont faites de rebondissements. Qui aurait pu prédire en 2016 que Donald Trump allait l'emporter ?", rappelle François Clemenceau, journaliste au Journal du Dimanche et spécialiste des États-Unis. Pour autant, le timing choisi par Ron DeSantis interroge. "En novembre dernier, il était à égalité avec Trump dans les sondages. Donc pourquoi avoir attendu si longtemps ? C'est la grande question", développe François Clemenceau. 

"Plus éduqué" que Donald Trump

Mais le gouverneur de Floride a plus d'un tour dans son sac. Et présente de nombreux atouts susceptibles de séduire un électorat américain, peu enthousiaste devant l'éventualité d'un remake Trump-Biden. "Il a un CV. Sa carrière politique est fulgurante. Ses taux de réussite aux diverses élections sont phénoménaux. Et ce n'est pas un homme qui vient de l'entreprise. Il vient de la fac, de l'armée et de la politique locale", énumère François Clemenceau. Sans compter l'attitude adoptée par Ron DeSantis, bien moins provocatrice et outrancière que son rival Donald Trump. "Il est suprêmement plus éduqué. Il est même plus patriote car lui a servi dans l'armée américaine", note le journaliste. Enfin, son ancrage politique en Floride, l'un des trois grands États républicains du pays, plaide pour lui. 

Dans le camp républicain, la candidature de Donald Trump est même loin de faire l'unanimité. "Elle est rejetée à hauteur de 60%", indique François Clemenceau. Mais grâce à la solidité de sa base d'électeurs, l'ancien locataire de la Maison-Blanche dispose d'un avantage assez singulier. Et si d'aventure il parvenait à maintenir sa place de numéro 1 dans les sondages, les chances de Ron DeSantis s'en verraient amoindries. "Les Républicains ont perdu tellement d'élections depuis 2004 qu'à mon avis, ils voteront pour celui qui peut gagner. Il y a une logique de la victoire qui surpasse les personnalités", analyse François Clemenceau. En clair, si Donald Trump est donné gagnant face à Joe Biden, les électeurs républicains, y compris les plus sceptiques, devraient se résoudre à glisser son nom dans l'urne. 

"DeSantis n'a pas de base dans le pays"

D'autant que la notoriété du milliardaire new-yorkais prend assez largement le dessus sur celle de son rival floridien. "DeSantis n'a pas de base dans le pays. Il a même du mal à recruter des salariés pour se constituer un staff de campagne. Il n'y parvient pas car il n'est pas assez connu", soutient François Clemenceau. Quant au volet idéologique, impossible de départager les deux postulants. "Il n'y a aucune différence. Hier (mercredi), il a fait une déclaration de candidature qui aurait pu être celle de Trump sur le fond. Car aujourd'hui, il y a une base qui correspond à ce segment de la droite américaine. Les seuls à être en mesure de battre les démocrates, ce sont ces ultra-conservateurs", assure le journaliste. Les électeurs républicains laissent de moins en moins d'espace aux candidats plus modérés comme pouvaient l'être Ted Cruz ou Marco Rubio en 2016. 

Pour Ron DeSantis, le chemin vers la Maison-Blanche s'annonce escarpé. Il le sera même encore plus si le principal intéressé place des bâtons dans ses propres roues, comme ce fut le cas mercredi. "En choisissant les réseaux sociaux pour annoncer sa candidature, il a fait, je pense, une erreur stratégique. En s'adressant à un média traditionnel, il aurait pu montrer qu'il était capable de parler et de présenter un projet à la presse", juge François Clemenceau. Pour Ron DeSantis, habitué aux triomphes à l'échelle locale, le plus dur commence maintenant.