États-Unis : Bill Cosby comparaît lundi devant un tribunal pour agression sexuelle, après des années d'accusations

Bill Cosby crédit : DON EMMERT / AFP - 1280
Bill Cosby pourrait prendre la parole au cours de son procès pour agression sexuelle © DON EMMERT / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Inculpé depuis 2015, le créateur et héros du Cosby Show va comparaître devant un tribunal lundi pour agression sexuelle sur une Canadienne de 44 ans.

L'acteur américain Bill Cosby a rendez-vous lundi avec l'une des dizaines de femmes qui l'accusent d'agressions sexuelles pour un procès à haut risque, qui pourrait le mener en prison, à 79 ans.

Une cinquantaine d'accusatrices. Ils seront plus de cent journalistes à Norristown, petite ville de la banlieue de Philadelphie, au Nord-Est du pays, pour assister à l'événement judiciaire de l'année aux États-Unis. C'est un ancien héros de l'Amérique en général, et de la communauté noire en particulier, qui doit répondre d'accusations d'agression sexuelle devant un jury.

Depuis son inculpation, fin décembre 2015, le créateur et héros du Cosby Show a rejoint la liste désormais bien étoffée d'hommes célèbres mis en cause pour abus sexuels. Une cinquantaine de femmes ont accusé, ces dernières années, William Henry Cosby Jr. Mais Andrea Constand, personnage central de ce procès, est la seule pour laquelle les faits ne soient pas prescrits pénalement.

Un cocktail de pilules et d'alcool. Responsable administrative au sein de l'université de Temple à l'époque des faits, début 2004, Constand affirme avoir été agressée sexuellement par Bill Cosby lors d'une visite au domicile de l'acteur, dans la banlieue de Philadelphie. Pour parvenir à ses fins, l'humoriste l'aurait incitée à boire du vin et à ingérer des pilules. Le mélange l'aurait rendue, selon elle, incapable de se défendre. 

Interrogé dans le cadre d'une procédure civile intentée par Andrea Constand, Bill Cosby avait reconnu, en 2005, lui avoir donné alcool et pilules, sans lui dire ce qu'elles contenaient, et s'être ensuite livré à des attouchements. Mais pour lui, il s'agissait d'une relation consentie, l'acteur insistant sur le fait que la jeune femme n'avait, à aucun moment, manifesté sa désapprobation. Dans le cadre de cette procédure civile, Andrea Constand avait conclu un accord amiable avec son agresseur présumé en octobre 2006.

Un témoignage capital. En l'absence de témoin et d'élément matériel, tout est désormais suspendu au témoignage de cette Canadienne de 44 ans qui vit aujourd'hui à Toronto et ne s'est encore jamais exprimée publiquement sur l'affaire. Lors des audiences préliminaires et dans les pièces qu'ils ont versées au dossier, les avocats de la défense ont laissé entrevoir ce que serait leur stratégie lors du procès. 

Ils ont souligné certaines incohérences dans les dépositions d'Andrea Constand, sur la date des faits supposés, ainsi que des omissions. Après avoir assuré n'avoir jamais été seule avec lui avant ou après les faits, elle a ainsi admis, dans un second temps, avoir vu Bill Cosby plusieurs fois, chez lui notamment.

Une autre victime présumée à la barre. À l'appui du témoignage de l'accusatrice, le juge Steven O'Neill a accepté que soit appelée à la barre une autre victime présumée de Bill Cosby, qui affirme avoir été agressée dans des conditions similaires en 1996. Son nom n'a pas été rendu public. L'accusation avait espéré pouvoir en appeler d'autres, mais le juge a refusé.

Passible de dix ans de prison. Si à l'issue de ce procès, prévu pour durer deux semaines, le jury déclare Bill Cosby coupable d'un ou plusieurs des trois chefs d'accusation, l'acteur pourrait être condamné à passer, au minimum, dix ans derrière les barreaux.