Espagne : Mariano Rajoy admet sa défaite au Parlement avant le vote

Mariano Rajoy crédit : JUAN CARLOS HIDALGO / POOL / EFE / AFP - 1280
Mariano Rajoy admet sa défaite vendredi avant même le vote du Parlement espagnol © JUAN CARLOS HIDALGO / POOL / EFE / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Face à la perspective de l'adoption par le Parlement espagnol de la motion de censure déposée par les socialistes contre lui, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a admis sa défaite et félicité son futur successeur, vendredi.

Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol depuis décembre 2011, a reconnu vendredi matin sa défaite face à la motion de censure socialiste en passe d'être adoptée par les députés. Le socialiste Pedro Sanchez s'apprête à accéder au pouvoir.

Rajoy jette l'éponge. Mariano Rajoy, qui gouvernait depuis six ans jusqu'à la condamnation de son parti pour corruption, a reconnu avant même le vote qu'une majorité des députés allait approuver la motion de censure déposée par le Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sanchez et porter ce dernier à la tête du gouvernement. "Nous pouvons présumer que la motion de censure sera adoptée. En conséquence, Pedro Sanchez va être le nouveau président du gouvernement", a-t-il déclaré en félicitant son rival.  Le vote devait commencer à 11h01 locales.

Plusieurs crises à gérer. Une page de l'histoire politique espagnole se tourne. Au pouvoir depuis décembre 2011, Mariano Rajoy, 63 ans, avait survécu à plusieurs crises majeures, de la récession, face à laquelle il a imposé une sévère cure d'austérité, aux mois de blocage politique en 2016 jusqu'à la tentative de sécession de la Catalogne l'an dernier.

Un parcours chaotique pour Pedro Sanchez. "Aujourd'hui, nous écrivons une nouvelle page de l'histoire de la démocratie dans notre pays", a déclaré Pedro Sanchez, ancien professeur d'économie surnommé le "beau mec" en Espagne. À 46 ans, Pedro Sanchez semble tenir sa revanche, lui dont l'investiture à la tête du gouvernement avait été rejetée par les députés en mars 2016 avant qu'il ne réalise en juin de la même année le pire score de l'histoire du PSOE aux élections législatives. 

Débarqué de sa formation à la suite de cette déroute électorale, il en a repris les rênes l'an dernier grâce au soutien de la base contre les barons du PSOE. Monté au front contre Mariano Rajoy dès l'annonce jeudi dernier de la condamnation du Parti Populaire dans un méga-procès pour corruption, baptisé Gürtel, il a tenté cette fois avec succès un coup de poker politique. 

Une fragile majorité. Mais il a dû former autour des 84 députés socialistes une majorité hétéroclite allant de Podemos aux indépendantistes catalans et aux nationalistes basques, pesant au total 180 voix sur 350 députés. Reste à savoir désormais combien de temps Pedro Sanchez, qui veut faire adopter des mesures sociales et a promis de convoquer par la suite des élections, sera en mesure de gouverner avec une majorité qui apparaît instable.

Un ralliement de dernière minute contre Rajoy. Mariano Rajoy avait déjà quitté l'hémicycle jeudi après-midi, pour aller dans un restaurant chic proche des Cortes, quand le coup fatal lui a été porté par le Parti nationaliste basque (PNV, 5 députés) qui s'est rallié à la motion socialiste après avoir pourtant voté le budget du gouvernement la semaine dernière.

Afin de convaincre le PNV, Pedro Sanchez a dû assurer qu'il ne toucherait pas à ce budget qui prévoit des largesses financières pour le Pays basque. Il a en outre promis aux indépendantistes catalans qu'il essaierait de "jeter des ponts pour dialoguer" avec le gouvernement régional de Quim Torra.