Environ 200 personnes arrêtées durant un forum d'opposition en Russie

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La police a déclaré que plusieurs participants à ce forum étaient des "membres d'organisations aux activités indésirables sur le territoire russe". (Image d'illustration) © Alexander NEMENOV / AFP
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Europe 1 avec AFP
L'ensemble des participants à un forum organisé samedi à Moscou, en Russie, et réunissant plusieurs figures de l'opposition à Vladimir Poutine, ont été arrêtés par les forces de l'ordre. Ces dernières évoquent notamment "une violation des règles sanitaires et épidémiologiques".

La police russe a arrêté samedi tous les participants d'un forum à Moscou où étaient conviés des figures de l'opposition et des dizaines de députés locaux, nouveau serrage de vis des autorités à l'approche des élections législatives en septembre. Cette opération de police, inédite en Russie, intervient un peu plus d'un mois après la condamnation à deux ans et demi de prison d'Alexeï Navalny, le principal adversaire du Kremlin, et les milliers d'arrestations durant les manifestations de soutien ayant suivi son interpellation.

Samedi, plus de 150 participants venus de toute la Russie - dont une immense majorité de députés locaux indépendants - s'étaient retrouvés dans un hôtel pour une conférence sur les futures élections régionales et locales, à l'initiative d'un groupe soutenu par l'oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski, une des bêtes noires du Kremlin. Mais alors que le forum prévu pour durer deux jours avait commencé depuis une quarantaine de minutes, la police a investi le bâtiment et arrêté tous les participants, les emmenant dans des fourgons de police garés devant l'hôtel.

"La police a rempli la salle. Tous les députés ont été arrêtés et emmenés dans les commissariats", a indiqué sur Facebook l'opposant Ilia Iachine, accompagnant son post d'une photo de lui dans un fourgon de police. Selon des témoins et des vidéos diffusés par les médias russes, les policiers reprochaient au forum d'être organisé par une organisation "indésirable", selon les termes d'une loi promulguée en 2015 par Vladimir Poutine.

Dans un communiqué, la police de Moscou a de son côté indiqué avoir procédé à l'arrestation de 200 personnes, assurant que le forum était organisé "en violation des règles sanitaires et épidémiologiques" et que "parmi les participants, figuraient les membres d'organisations aux activités indésirables sur le territoire russe". L'ex-maire de Ekatérinbourg Ievguéni Roïzman ou l'opposant Vladimir Kara-Murza figurent parmi les personnes arrêtées, tout comme plusieurs journalistes qui couvraient le forum.

"Les autorités ont peur"

Le forum - premier de ce genre en Russie - était organisé par les "Démocrates unis", un projet de Mikhaïl Khodorkovski qui vise à favoriser l'élection de députés indépendants aux scrutins locaux. "Leur objectif est de nous intimider", a dénoncé auprès de l'AFP Andreï Pivovarov, responsable d'une autre organisation de Mikhaïl Khodorkovski, Open Russia, et qui faisait partie des organisateurs du forum. Depuis 2017, Open Russia fait partie des organisations étrangères actives en Russie considérées comme "indésirables", selon la loi controversée votée en 2015.

Sur Twitter, Mikhaïl Khodorkovski s'est indigné de ces arrestations, les jugeant "anticonstitutionnelles". L'équipe d'Alexeï Navalny a de son côté estimé que les raisons de l'annulation du forum étaient "claires": "les autorités ont peur de toute concurrence lors des élections et intimident leurs opposants". "La cote du (parti au pouvoir) Russie unie est au plus bas et gagner les élections, même truquées, devient plus difficile", ajoute l'équipe de l'opposant.

Les élections législatives de septembre 2021 arrivent en effet dans un contexte difficile pour le Kremlin, Russie unie ayant connu d'inhabituels revers ces dernières années alors que la stagnation économique nourrit la grogne politique. Alexeï Navalny a été arrêté en janvier à son retour dans le pays, après plusieurs mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d'un empoisonnement pour lequel il accuse le Kremlin. Il a ensuite été condamné à deux ans et demi de prison, tandis que son incarcération provoquait d'importantes manifestations auxquelles les autorités ont répondu par plus de 11.000 arrestations.