Englué dans l'affaire Epstein, le prince Andrew lâché par les Britanniques : "Tout le monde a trouvé ses excuses ridicules"

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Joanna Chabas et Séverine Mermilliod avec AFP , modifié à
Le prince Andrew, embourbé dans l'affaire Epstein, a annoncé mercredi soir qu'il se retirait de la vie publique. Lâché par les Britanniques qui affichent leur réprobation, il a été sommé de témoigner par les avocates des victimes présumées du milliardaire américain.
REPORTAGE

Le prince Andrew, embourbé dans la polémique sur ses liens avec le milliardaire Jeffrey Epstein et lâché par nombre d'entreprises et d'universités avec lesquelles il collaborait, a annoncé mercredi "mettre fin à ses engagements publics" et s'est dit "prêt à aider" l'enquête sur cette affaire. "S'il était innocent, pourquoi il partirait ?", réagit Nicola dans les rues de Londres. "En plus, il a deux filles, comment il se sentirait si c'était ses filles les victimes ? Je trouve ça dégoûtant pour être honnête", s'insurge-t-elle.

Les Britanniques lui tournent le dos

La descente aux enfers du prince a commencé en août avec la publication aux États-Unis de documents de justice dans lesquels une femme, Virginia Roberts, affirmait avoir eu à trois occasions des relations sexuelles avec le prince auquel Epstein l'aurait contrainte, lorsqu'elle avait 17 ans, en 2001. La publication d'une photo la montrant à cette époque, enlacée par le prince, avec Ghislaine Maxwell (accusée par plusieurs victimes de les avoir "recrutées") en arrière-plan, a fait le reste, ainsi qu'un autre cliché montrant le prince en train de se promener à New York avec le financier alors même qu'il avait été condamné et emprisonné pour pédophilie en 2008.

Une tentative d'explications lors d'une interview ratée à la BBC a fait définitivement disparaître le peu de soutien dont le duc d'York jouissait encore. "Tout le monde a trouvé ses excuses ridicules. Tous ceux à qui j'en ai parlé étaient outrés, avaient les yeux au ciel. C'est bien qu'il se retire, c'est le meilleur moyen de limiter les dégâts", juge Aïcha, une autre Londonienne.

"Désolée, maman !"

Ce jeudi, l'affaire a de nouveau fait la une de tous les quotidiens britanniques excepté le Financial Times. "Désolé, maman !", se moquait par exemple celle du Daily Mirror, en publiant une photo du prince dans une voiture après une entrevue avec sa mère, la reine Elizabeth II, à Buckingham Palace.

"Le duc se retire après des discussions de crise avec la reine" titrait le Times avec la même photo. "Paria" commentait en gros caractères le tabloïd Daily Mail, tandis que les autres journaux évoquaient la "honte" du prince Andrew et son humiliation après l'annonce de son retrait de la vie publique. D'après la presse, c'est la reine qui a poussé son propre fils vers la sortie. "Elle n'avait pas le choix", commente Jérémy, un habitant. "C'est elle la grande patronne, il faut que le public la voit réagir. Elle protège son image aussi."

Sommé de collaborer à l'enquête

Non content d'avoir dû démissionner de ses fonctions officielles, le prince se voit à présent mis en demeure par les avocates des victimes présumées de raconter ce qu'il savait des activités du financier, retrouvé mort en prison après avoir été accusé d'avoir exploité sexuellement des jeunes filles mineures pendant des années.

"Nous pensons que personne n'est au-dessus de la loi et que toute personne devrait répondre à des questions s'ils ont des informations pertinentes. Et il (le prince Andrew) a clairement des informations pertinentes", a déclaré maître Lisa Bloom, jeudi, à BBC Radio 4. La veille au soir, sur la BBC, une autre avocate, Gloria Allred, avait enjoint le prince de "contacter sans condition et sans délai" les autorités américaines, avant même une éventuelle convocation. "Nous savons que le prince Andrew a eu de nombreux contacts avec Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell et nous pensons que quiconque a eu beaucoup d'interactions avec eux devrait parler non seulement aux forces de l'ordre, mais également aux avocats des victimes, des personnes comme moi", a déclaré Lisa Bloom, qui représente cinq victimes présumées d'Epstein.

Dans un communiqué, le prince Andrew, qui s'est vu reprocher son manque de regrets et d'empathie pour les victimes présumées dans son interview à la BBC, a dit "regretter sans équivoque (son) association malavisée avec Jeffrey Epstein" et "compatir profondément avec toutes les personnes affectées" par l'affaire.