Le Kenya enregistre un véritable "baby-boom" d'éléphants. 7:57
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Charlotte Simonart, édité par Margaux Lannuzel
Europe 1 s'est rendue au cœur du parc national du Tsavo, le plus vaste du Kenya, où l'on enregistre des records de natalité des éléphanteaux depuis quelques mois. Le phénomène vaut pour tout le pays, grâce à la lutte contre le braconnage. 
REPORTAGE

Voici une excellente nouvelle, et même une victoire pour la conservation de la vie sauvage au Kenya : le pays enregistre un véritable baby boom chez les éléphants ces derniers mois ! Rien à voir avec le confinement face à la pandémie de coronavirus, dont on sait qu’il a eu pas mal d’effets positifs sur la biodiversité - la gestation d’une éléphante d’Afrique est d’environ 22 mois. Recherchés pour l’ivoire de leurs défenses, ces pachydermes sont globalement en voie de disparition… Et si leur nombre a doublé au Kenya ces 30 dernières années, c'est grâce à une lutte sans merci contre le braconnage. Reportage au cœur du parc national du Tsavo, le plus vaste du pays, à la frontière avec la Tanzanie. 

"Les éléphanteaux tombent du ciel"

Ici, l'homme n'est pas le maître des lieux. "Regardez là, sur la gauche, il y a une famille d’éléphants", s'enthousiasme Peter Ndovi, guide touristique depuis près de trente ans, au volant de sa voiture de safari. "Je vois deux ou trois petits. Ils se cachent sous les branchages, mais il doit y en avoir au moins deux. Avant, c'était très rare d’en voir mais aujourd’hui, une famille de dix éléphants compte en général cinq éléphanteaux. Donc c’est un boom !"

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© Charlotte Simonart/Europe 1

"Les éléphanteaux tombent du ciel" titrait même il y a peu un grand quotidien du pays. Depuis le début de l'année, les parcs enregistrent des records de natalité - pour certains d’entre eux en dénombrent plus de 150 naissances ! Pour comprendre, il faut remonter deux ans en arrière, soit le temps de gestation chez les éléphants. Les pluies étaient alors abondantes et la végétation plus dense, ce qui a permis aux femelles, en meilleure forme, de mener à terme leur grossesse.

"Ils ne sont plus braconnés"

Peter Ndovi nous emmène au plus près de ce groupe d’éléphants, lentement, pour ne pas perturber les éléphanteaux âgés d’à peine quelques mois. Ils se cachent entre les pattes de leur mère. Elle, reste imperturbable, bien trop occupée à arracher de l’herbe pour se nourrir. Elle pourrait presque nous toucher avec sa trompe.

"Aujourd’hui, je peux avancer la voiture très près des éléphants et ils restent gentils", explique le guide. "Ils ne sont plus aussi agressifs qu’avant car ils ne sont plus braconnés. Il y a quelques années, lorsque vous voyiez un groupe d’éléphants, ils étaient peureux et prêts à attaquer. Et vous savez, lorsque les éléphants sont stressés, les femelles ne tombent pas enceintes. Une famille d’éléphants ne comptait en général qu’un seul bébé, parfois même aucun."

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© Charlotte Simonart/Europe 1

Une prochaine naissance de jumeaux

C’est l’autre explication du baby boom chez les éléphants du Kenya : la lutte anti-braconnage, menée sans merci par les autorités. En 30 ans, elle a permis de doubler le nombre de pachydermes, jusqu’à 34.000 à ce jour dans le pays. "Quand j’ai commencé les safaris, les éléphants étaient massacrés", se rappelle Peter Ndovi. "Je me souviens en 1988, j’avais roulé dans le parc du Tsavo sur 80 km. J’avais compté ce jour-là cinq éléphants morts sur mon chemin, tous sans leurs défenses. Mais aujourd’hui, c’est très rare de voir un éléphant mort et quand on voit un, il est mort naturellement car vous le retrouvez toujours avec ses défenses."

Au Kenya, les éléphants vivent désormais des jours heureux. Au pied du Kilimanjaro, on annonce même la naissance d’éléphanteaux jumeaux. Un phénomène extrêmement rare chez les pachydermes, observé à peine trois fois en 50 ans...