En Californie, face aux incendies, la "chorégraphie bien réglée" des pilotes d'avion

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Les pompiers luttent contre les incendies en Californie. © DAVID MCNEW / AFP
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Jean-Sébastien Soldaïni, édité par GM , modifié à
Les pilotes d'avions bombardiers sont en première ligne face aux incendies qui ravagent la Californie. Europe 1 est allé à leur rencontre.
REPORTAGE

Les pompiers progressent petit à petit en Californie face aux incendies monstres qui ravagent l'état de l'ouest américain et ce malgré des conditions météorologiques encore défavorables. Le foyer du "Mendocino Complex", qui détient déjà le record de l'incendie le plus dévastateur de la Californie, est désormais contenu à 67%, a annoncé le service des pompiers de l'Etat, Calfire, dimanche contre 60% vendredi. Contre les flammes, les pilotes d'avions bombardiers sont en premières lignes. Europe 1 est allé à leur rencontre.

"On élabore un plan"

Avant de prendre leur envol, les pilotes se retrouvent dans la salle de briefing, à quelques mètres seulement des avions. Ils écoutent attentivement le bulletin météo et les dernières données sur l'incendie. "C'est une chorégraphie bien réglée. J'ai avec moi une carte avec la position de tous les avions en temps réel et quand on arrive au-dessus d'un feu on élabore un plan. Ensuite je donne les instructions pour le largage du retardant. C'est très bien coordonné", explique à Europe 1 le capitaine Nick Walsh, qui dirige les équipes au sol et dans les airs. Pour y arriver, lui aussi survol les incendies, à bord d'un Bronco, un avion ultra-maniable qui domine la zone pour gérer les troupes au plus près des flammes. 

Au sol, Nick Walsh est en lien avec Javier, qui référence minutieusement chaque intervention. "Je suis en lien avec tous les avions pour leur dire exactement où aller, leur donner une destination GPS, leur donner leurs propres coordonnées pour être sûr qu'on les envoie vraiment au bon endroit", explique-t-il. Si la précision est si importante c'est qu'elle permet de ne pas perdre de temps. Un largage mal effectué ferait perdre 40 minutes aux équipes, impensable face à un tel incendie. 

Sept heures de vol par jour, cinq minutes pour charger le retardant

Les pilotes, eux aussi, doivent s'adapter. "Ce genre de feux, qui deviennent des feux monstrueux, créent leur propre météo avec des vents tournoyants. C'est une quête perpétuelle pour essayer d'arrêter une sorte d’animal furieux et indomptable", indique Jérôme Laval, pilote de Tracker de la base de Santa-Rosa. Pour éviter qu'une maison menacée ne soit ravagée, les pilotes sont parfois obligés d'abandonner leurs objectifs pour larguer près du terrain.

Sur la base, l'ambiance est détendue jusqu'à un message diffusé sur le haut-parleur. "Je bascule de ma vie personnelle à ma vie de pilote. Il faut mettre de côté tout ce qui était précédent pour s’intéresser au futur proche. Je vais monter, fermer la porte et c'est parti. Premier largage dans même pas 20 minutes", précise Jérôme Laval en enfilant sa combinaison. Au cours de la journée, les pilotes enchaînent les rotations. Il ne faut que cinq minutes pour atterrir, faire le plein de retardant, et redécoller. Et cela pendant sept heures, chaque jour.