Elections européennes : veto du président polonais à une réforme éliminant les petits partis

Le chef de l'Etat polonais a refusé jeudi de signer la réforme qui lui était présentée.
Le chef de l'Etat polonais a refusé jeudi de signer la réforme qui lui était présentée. © JANEK SKARZYNSKI / AFP
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avec AFP
Le président polonais a estimé que si cette réforme venait à entrer en application une partie des électeurs ne serait plus représentée au Parlement européen.

Le président polonais Andrzej Duda a opposé jeudi son veto à une réforme controversée du mode de scrutin aux élections européennes qui aurait pratiquement banni les petits partis du parlement européen. "Je refuse de signer cette loi et je la renvoie à la Diète pour qu'elle soit réexaminée", a déclaré le chef de l'Etat dans une adresse télévisée. La réforme "ferait qu'une très grande proportion des citoyens ne serait pas représentée au parlement européen", a-t-il expliqué.

Représenter les régions les moins densément peuplées. La réforme, voulue par le parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS), avait été approuvée par le parlement en juillet et n'attendait plus que la signature du chef de l'Etat pour entrer en vigueur. Pour le PiS, la réforme allait simplifier le système en vigueur, déjà très complexe, et améliorer la représentation des régions moins densément peuplés. Pour l'opposition, le parti au pouvoir souhaitait surtout augmenter le nombre de ses députés européens.

Les élections au Parlement européen (PE)se déroulent au suffrage universel direct. La réforme polonaise aurait fixé à au moins trois le nombre de députés européens élus dans chacune des treize circonscriptions polonaise.  Selon les experts du Sénat, cela aurait abouti pratiquement à établir à 16,5% des voix au niveau national le seuil nécessaire pour qu'un parti puisse introduire un député au PE. Le seuil fixé par le droit européen étant de 5%, aurait été plus que triplé en Pologne. Or, deux partis seulement, le PiS et le principal parti d'opposition Plateforme Civique (PO, centriste) sont sûrs de franchir le niveau de 16,5%.

Une vive opposition. Le président Duda, qui avait reçu lundi les dirigeants de plusieurs autres formations politiques, le parti anti-système Kukiz'15, le parti paysan PSL, le parti de gauche non représenté au parlement Razem et un petit parti de droite catholique, avait laissé entendre qu'il pourrait refuser la réforme. L'épiscopat catholique, très influent en Pologne, a également critiqué le projet de réforme du mode de scrutin. Selon de récents sondages, sur les intentions de vote aux élections européennes, le PiS rassemblerait environ 40% des voix, la PO 26%, SLD (gauche) 9%, Kukiz'15 8%, Nowoczesna (libéral) 5%, le PSL 5% et Razem 3%. Les élections européennes doivent intervenir fin mai. En Pologne, elles précéderont de quelques mois les législatives prévues à l'automne 2019.