Russie Navalny Poutine 2:00
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Nicolas Tonev // Crédits photo : ROBIN VAN LONKHUIJSEN / ANP MAG / ANP VIA AFP
Alors que la victoire écrasante de Vladimir Poutine à sa réélection était prévisible, une opération de résistance durant le scrutin a remporté un franc succès. À défaut de pouvoir manifester, de nombreux citoyens ont participé au "Vote à midi", à l'appel de l'équipe d'Alexei Navanly, opposant décédé en prison le mois dernier.

En Russie, l’élection présidentielle s’est achevée ce dimanche soir après trois jours de vote. Vladimir Poutine va rester président pour les six prochaines années. Réélu dans ce scrutin organisé comme un plébiscite, les estimations donnent près de 87% à Poutine. Mais ce plébiscite n’a pas fonctionné comme l’espéraient les autorités russes : l’opération "Vote à midi", voulue de manière posthume par l'opposant Alexei Navalny, mort en prison, a en effet été une réussite. Toute manifestation étant interdite en Russie, le vote à midi pile était une forme de résistance civique et de protestation dont l’ampleur a surpris et redonne de l’espoir aux opposants.

Onze fuseaux horaires à travers l’immense Russie, Onze fois à midi. De Vladivostok à Moscou en passant par Novossibirk, les mêmes vidéos silencieuses : des files d’attente pour voter à l’heure voulue par Alexei Navalny, opposant de Vladimir Poutine décédé en prison en février dernier. Des vieux, des jeunes, discrets et sans discussion entre eux pour éviter d’être considérés comme des perturbateurs ou des manifestants.

"Les gens n'ont pas eu peur"

Une immense protestation inattendue qui redonne de l’espoir aux opposants, comme le journaliste Dimitri Nizovtsev au micro de Radio Svoboda. "Le simple fait d’être dans une file d’attente peut faire l’objet d’une répression, mais les gens n’ont pas eu peur… Organiser un petit meeting ou une manifestation contre le pouvoir n’est pas possible, mais ce qui s’est passé devant les bureaux de vote nous encourage maintenant à chercher des idées pour de nouvelles formes de protestation", s'est-il félicité.

Le Kremlin découvre donc une résistance passive inattendue, un problème inattendu à gérer et qui devrait amener une réaction : la reconnaissance faciale très utilisée en Russie pourrait servir à rechercher et à sanctionner les votants de midi, mais le FSB ne pourra rien faire à posteriori contre le sondage anti-poutine grandeur nature déjà diffusé par les téléphones portables des russes.