ÉDITO - Espions russes en Haute-Savoie : "Il n’y a pas que dans les Alpes, sous la neige, que la guerre froide continue"

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Vincent Hervouet, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
La Haute-Savoie, nid d'espions ? Les agents russes qui ont tenté d’assassiner Serguei Skripal en mars 2018 ont été traqués par le contre-espionnage... jusque dans les Alpes françaises. Un scénario digne d'un film de James Bond, analyse l'éditorialiste d'Europe 1 Vincent Hervouet.

> Un scénario à la James Bond : des tueurs russes avaient une base arrière en Haute-Savoie, et ils y faisaient escale entre deux opérations en Europe. Les services de contre-espionnage français et anglo-saxons ont pisté les agents russes qui ont tenté d’assassiner en mars 2018 Serguei Skripal à Salisbury en Angleterre, et ont découvert que les espions passaient toujours par les Alpes françaises. Pour l'éditorialiste d'Europe 1 Vincent Hervouet, tout cela a des faux airs de guerre froide.

"On sait que les espions aiment la Suisse, pays paisible où les banquiers sont aussi secrets que des bourreaux, les coffres silencieux comme une tombe sous la neige. Mais on ignorait que les services de renseignements militaires russes appréciaient la Haute-Savoie. Selon l’enquête publiée par Le Monde, une quinzaine de tueurs de l’unité 29155 du 161ème centre de formation spéciale du GRU (service de renseignement russe) ont été identifiés par les services occidentaux.

Entendu sur europe1 :
La France est le seul pays occidental où l'on n’a jamais démasqué d’agent soviétique infiltré au sommet de l’État

C’est précis, il y a des noms, des dates, on retrouve ceux qui ont empoisonné le colonel Skripal et sa fille en Angleterre. D’autres, qui ont conspiré en Bulgarie, au Monténégro, en Moldavie, en Crimée. À l’aller ou au retour, tous ont fait un détour en Haute-Savoie. Jusqu’à l’an dernier, ils avaient leurs habitudes entre Évian, Chamonix et Megève. On n’a pas trouvé d’armes, pas de cache, aucune preuve, mais il paraît que dans ce coin inconGRU, le GRU avait installé sa base arrière en Europe.

La France est toujours à part. C'est le seul pays occidental où l'on n’a jamais démasqué d’agent soviétique infiltré au sommet de l’État… Celui aujourd’hui qui propose de renouer un dialogue stratégique avec la Russie. Cette enquête tombe à pic, alors que la réunion de l’Otan s’est terminée en dénonçant "les actions agressives de la Russie". Il n’y a pas que dans les Alpes sous la neige que la guerre froide continue."