L'Iran et les États-Unis ne sont pas d'accord sur l'emplacement du drone et sur l'heure à laquelle il a été abattu.
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Guillaume Perrodeau , modifié à
Selon Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences Po et docteur en géopolitique, les tensions entre États-Unis et Iran ne devraient pas déboucher sur une guerre ouverte. 
INTERVIEW

La guerre entre les Etats-Unis et l'Iran a-t-elle été évitée de justesse ? Jeudi, un drone américain a été abattu par le régime de Téhéran. Donald Trump avait donné l'ordre de lancer des frappes militaires contre l'Iran dans la nuit de jeudi à vendredi, avant de se raviser au dernier moment. Sur Europe 1, Frédéric Encel, maître de conférences à Science Po et docteur en géopolitique, évalue les possibilités que la situation dégénère.

"Le dernier recours de l'Iran serait la fermeture du détroit d'Ormuz"

Pour Frédéric Encel, la marche-arrière de Donald Trump dans la nuit peut s'expliquer par deux hypothèses. "Soit c'est la tactique 'du fou au faible'. Un peu comme dans les années 1970 où Richard Nixon avait tenté de faire croire au gouvernement nord-vietnamien qu'il était devenu dingue et qu'il pouvait lancer la bombe atomique", indique l'universitaire.

"La deuxième hypothèse, c'est que Trump a évalué que le coût d'une entrée en guerre dans la région serait trop important, y compris pour les Etats-Unis", affirme le spécialiste. En effet, en cas de frappe, l'Iran a des outils politiques en sa possession pour modifier le rapport de force. "Le dernier recours de l'Iran serait la fermeture du détroit d'Ormuz, avec un prix du baril qui passerait alors de 70 dollars à peut être 100 à 200 dollars. Beaucoup d'alliés des Américains seraient très impactés", souligne Frédéric Encel.

"On calcule le coût potentiel d'une guerre à haute intensité"

Le maître de conférences estime tout de même que "les risques d'escalade sont mesurés". "L’Iran mène une politique étrangère relativement prudente", rappelle Frédéric Encel. "Du côté américain et des alliés des Etats-Unis, même si certains veulent en découdre avec l'Iran, on calcule le coût potentiel d'une guerre à haute intensité", explique-t-il, "et puis il y a aussi la Russie : elle n'est pas une alliée militaire de l'Iran, mais c'est quand même un partenaire important". Autant d'éléments qui poussent l'administration de Donald Trump à envisager avec beaucoup de précautions un conflit armée contre l'Iran.