Deux Belges d'origine iranienne suspectés d'avoir voulu commettre un attentat en France

Le couple a été interpellé en Belgique (photo d'illustration).
Le couple a été interpellé en Belgique (photo d'illustration). © NICOLAS MAETERLINCK / BELGA / AFP
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avec AFP , modifié à
Un couple belge a été inculpé de tentative d'assassinat terroriste en Belgique. Il est suspecté d'avoir voulu commettre une attaque à la bombe lors d'une conférence d'un parti iranien, samedi à Villepinte.

Deux Belges d'origine iranienne, un homme et une femme âgés respectivement de 38 et 33 ans, ont été inculpés lundi de "tentative d'assassinat terroriste" et de "préparation d'une infraction terroriste" et placés sous mandat d'arrêt, selon un communiqué du parquet fédéral belge. Tous deux sont soupçonnés d'avoir voulu mener un projet d'attentat sur le sol français. Une personne était par ailleurs toujours en garde à vue en France lundi soir dans cette affaire.

QUE SAIT-ON DU PROJET D'ATTENTAT ? 

500 grammes de TATP. D'après le parquet belge, le couple est suspecté "d'avoir voulu commettre un attentat à la bombe le samedi 30 juin à Villepinte", en région parisienne, "lors d'une conférence qui y était organisée par les Moudjahidine du Peuple Iranien (MEK)", un parti d'opposition iranien interdit par les autorités depuis 1981. L'homme et la femme ont été interpellés samedi dans une commune de Bruxelles, à bord de leur véhicule, dans lequel les autorités belges ont trouvé 500 grammes de TATP et un mécanisme de mise à feu.

Amir S., 38 ans, et son épouse Nasimeh N., 33 ans, ont été inculpés lundi de "tentative d'attentat terroriste et de préparation d'une infraction terroriste". Des perquisitions ont par ailleurs été menées dans cinq localités en Belgique. Aucune information n'a été communiquée sur leurs résultats.

Un homme en garde à vue en France. Dans ce dossier, un complice présumé du couple a été placé en garde à vue en France. Le suspect est Merhad A., un homme d'origine iranienne de 54 ans, arrêté à Villepinte samedi. Sa garde à vue peut durer jusqu'à mercredi à la mi-journée. Deux autres personnes, qui avaient été interpellées samedi à Villepinte, sont sorties de garde à vue lundi soir. Le parquet français avait ouvert une enquête pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" le 28 juin, deux jours avant le meeting, confiée à la DGSI (Direction général de la sécurité intérieure). 

Un diplomate iranien auprès de l'ambassade autrichienne à Vienne, présenté comme un "contact" des deux suspects belges, a par ailleurs été arrêté en Allemagne. "L'attentat terroriste a pu être déjoué grâce à une collaboration entre la sûreté de l'Etat belge et les autorités judiciaires françaises et allemandes", a affirmé le parquet belge.

QUELLE ÉTAIT LA CIBLE VISÉE ? 

Un parti d'opposition. Le MEK est un parti d'opposition iranien, fondé en 1965 et interdit par les autorités de Téhéran depuis 1981, selon le parquet belge. 

Un congrès de 25.000 participants. Deux personnalités proches du président américain Donald Trump, l'ancien président du Congrès Newt Gingrich et l'ancien maire de New York Rudy Giuliani, ont participé à la réunion présentée comme la cible du couple belge. 25.000 personnes y ont assisté.

QUEL EST LE CONTEXTE ? 

Des implications dépassant l'Europe. Déjouée sur le sol européen, l'attaque revêt un caractère politique en Iran. Lundi après-midi, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), entité proche du MEK, a ainsi accusé le régime de Téhéran d'avoir fomenté le projet d'attentat. "Le complot de la dictature terroriste au pouvoir en Iran pour commettre un attentat (...) contre le grand rassemblement de la Résistance iranienne à Villepinte a été déjoué", a-t-il indiqué dans un communiqué. 

Le CNRI a également appelé à la "fermeture" des représentations diplomatiques iraniennes en Europe, qualifiées de "centres d'espionnage". "La résistance iranienne a alerté à maintes reprises sur les préparatifs terroristes effectués dans les divers pays européens, par les diplomates du régime, des agents du Vevak (ministère des renseignements du régime des mollahs) et de la force Qods" des Gardiens de la révolution, ajoute le communiqué. 

Une volonté de nuire selon Téhéran. Ulcéré, Téhéran a dit y voir une machination, au moment où le président iranien Hassan Rohani vient en Europe pour discuter de coopération entre Européens et Iraniens après le retrait américain de l'accord sur le nucléaire conclu en 2015. "Comme c'est pratique. Juste au moment où nous entamons une visite présidentielle en Europe, une opération iranienne présumée et ses 'conspirateurs' sont mis en échec", a ironisé le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif sur Twitter, y voyant un "stratagème" visant à nuire à la République islamique d'Iran.