Boris Johnson Brexit 2000*1000 1:38
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Theo Maneval et Joanna Chabas, édité par Romain David , modifié à
Le Royaume-Uni est officiellement devenu vendredi soir le premier pays à quitter l'Union européenne après une histoire commune de 47 ans, et trois ans et demi de divorce houleux. Rassemblés devant Westminster, les Brexiters ont salué dans l'euphorie ce départ, sous le regard dépité des europhiles. 
REPORTAGE

Ne parlez plus des "28", désormais, ils ne sont plus que 27. À minuit heure française, 23 heures vendredi soir à Londres, le Royaume-Uni est sorti de l'UE, après 47 ans de vie commune. C'est une première dans l'histoire de la construction européenne, et une première fêtée par des milliers de Brexiters, qui pour l’occasion s’étaient rassemblés devant le Parlement de Westminster. L'histoire retiendra sans doute leurs milliers de drapeaux britanniques agités dans la nuit, et cette explosion de joie au terme d'un décompte pour une "libération", disent-ils.

"C'est le plus beau jour de ma vie !", lâche une militante. "Oui ! Après 40 ans, on est libres ! On peut prendre nos décisions nous-mêmes, sans que des étrangers viennent nous dicter nos lois ! C'est merveilleux ! Merveilleux d'être libres !" , renchérit une autre. "C'est un grand moment d'Histoire que nous vivons, ça fait depuis 25 ans que j'attends ça", explique Peter, sourire aux lèvres. La "liberté retrouvée", la "souveraineté", tels sont les mots martelés à la tribune par l'artisan de ce Brexit : l’ex-eurodéputé Nigel Farage qui exulte. "On l'a fait !", a-t-il martelé. Comme le Premier ministre Boris Johnson un peu plus tôt à la télévision, il promet prospérité et jours meilleurs.

"L'important, c'est ce qui va se passer dans les douze mois qui viennent"

Mais même chez ceux qui ont fait sauter les bouchons de mousseux, la joie se teinte d'une légère appréhension. "Je pense que c'est une fin, mais surtout un début : l'important c'est ce qui va se passer dans les douze mois qui viennent. Je vais surveiller Boris Johnson de très près. J'ai peur qu'il fasse trop de concessions", concède une Londonienne.  Les Britanniques doivent en effet encore négocier les termes de leur future relation commerciale avec l'Union européenne, et continuent pendant cette période de transition à respecter les règles et les devoirs de l'UE.

À quelques centaines de mètres, de l'autre côté de la Tamise, les partisans du maintien dans l'UE veillent, en silence, à la bougie. "Je crois qu'on vient de faire la pire chose possible pour notre avenir", souffle une anglaise europhile. Au moment fatidique, tous ont chanté, drapeaux européens à la main, comme pour essayer de couvrir la joie des pro-Brexit entendue au loin.

Les larmes des europhiles

"Maintenant c’est la réalité. Maintenant on a quitté nos frères et nos sœurs européens. Le Brexit, ce n’est pas juste le Royaume-Uni hors de l’Europe, c’est aussi se séparer des frères d’une même famille… Qu’est-ce qu’on peut faire ?", interroge Christian, la voix étranglée par les sanglots. À ses côtés Laura a coloré ses joues en bleu et y a dessiné des étoiles. Cette cérémonie est pour elle comme une thérapie de groupe. "Je ne peux pas penser à meilleur endroit où être pour ce moment", explique-t-elle. "On est entouré de gens qui pensent comme nous. On a l’impression de ressentir cette solidarité européenne, elle est toujours là !" 

Pour s’apaiser, les veilleurs s’accrochent tous à l’espoir de revenir un jour dans l’Union européenne. Ben est convaincu que c’est possible : "Je pense qu’on sera de retour. Je crois que notre pays fait une énorme erreur, et je veux m’engager à aider ce pays à revenir dans l’Union Européenne." Avant de se quitter, les manifestants se font une dernière promesse : continuer à se retrouver et à manifester pour voir un jour leur rêve se réaliser.