Colombie : déplacements, menaces, assassinats... les indigènes dénoncent des violations de leurs droits

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Selon le gouvernement, 190.619 indigènes sont enregistrés comme victimes directes du conflit armé © RAUL ARBOLEDA / AFP
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avec AFP , modifié à
Disparitions, confiscations de terres, recrutement forcé... "tous les types de violations des droits humains ont continué", a affirmé le premier conseiller de l'Organisation nationale indigène de Colombie.

Les indigènes de Colombie ont dénoncé mercredi des violations de leurs droits, dont la confiscation de leurs terres, par des groupes armés et des multinationales, en dépit de l'application de l'accord de paix avec la guérilla des Farc.

"L'horrible nuit" des peuples indigènes n'est pas terminée. "Les territoires indigènes restent disputés par des groupes paramilitaires, par l'ELN, les forces armées, les groupes dissidents des Farc, les trafiquants de drogue, les multinationales", a déclaré Luis Fernando Arias, premier conseiller de l'Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC).

Luis Fernando Arias a souligné que "l'horrible nuit pour les peuples indigènes" n'est pas terminée, en dépit de la signature en novembre d'un accord de paix historique mettant fin à plus d'un demi-siècle de confrontation avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la principale rébellion du pays et la plus ancienne du continent américain.

De nombreuses violations des droits humains. "Les assassinats sélectifs, les déplacements, les menaces, les disparitions, les confiscations de terres, les victimes de mines anti-personnel, le recrutement forcé et, de manière systématique, tous les types de violations des droits humains, ont continué", a-t-il ajouté lors de déclarations, en marge d'une conférence organisée à Bogota à l'occasion de la Journée internationale des peuples indigènes.

Plaidoyer pour un cessez-le-feu définitif. Le dirigeant de l'ONIC a appelé le gouvernement et l'Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla active en Colombie, à "ne pas se lever de la table" des négociations de paix, entamées en février, jusqu'à parvenir à un cessez-le-feu bilatéral et définitif. 

Martin Santiago, coordinateur résident de l'ONU en Colombie, a estimé que des "progrès" ont été accomplis ces dix dernières années pour la reconnaissance des droits des indigènes. Il faut "souligner certaines brèches dans les défis qu'il nous reste à affronter afin que la reconnaissance se convertisse en jouissance pleine et entière, et en exercice de ces droits", a-t-il déclaré.

Un lourd tribut payé par les indigènes. La conseillère présidentielle pour les droits humains, Paula Gaviria, a souligné que l'un des défis du post-conflit était de dédommager la population indigène. Selon le gouvernement, 190.619 indigènes sont enregistrés comme victimes directes du conflit armé, qui au fil des décennies a opposé guérillas, paramilitaires et forces armées, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 7,1 millions de déplacés.

La Colombie compte 102 ethnies indigènes, dont 32 menacées de disparition, car comptant moins de 200 personnes, selon l'ONIC, et 34 autres communautés sont menacées d'extermination par la violence du conflit dans leurs territoires, selon la Cour constitutionnelle.