Vladimir Poutine 1:48
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Chloé Lagadou et Simon Bourtembourg, édité par Gauthier Delomez avec AFP , modifié à
La Cour pénale internationale (CPI) a émis vendredi un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, présumé responsable de crimes de guerre en Ukraine perpétrés lors de l'invasion du pays par ses troupes. Concrètement, même si la Russie ne reconnait pas la CPI, les déplacements du maître du Kremlin à l'étranger seront plus limités.

Un vrai coup dur pour Vladimir Poutine ? Ce vendredi, la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre le président russe. Le maître du Kremlin est présumé responsable de crimes de guerre en Ukraine, perpétrés dans le cadre de l'invasion du pays par ses troupes. C'est la première fois que Vladimir Poutine est ciblé par un tel mandat : la CPI lui reproche précisément des déportations et des transferts illégaux d'enfants depuis les zones occupées vers la Fédération de Russie.

Des déplacements à l'étranger extrêmement limités

La présidence ukrainienne s'est félicitée de ce mandat d'arrêt en saluant une décision historique. "C'est une décision historique qui engage la responsabilité de la Russie. Le chef d'un Etat terroriste et un autre responsable russe deviennent officiellement suspects d'un crime de guerre : la déportation d'enfants ukrainiens", a déclaré Volodymyr Zelensky. 

Car désormais, les déplacements du président russe à l'étranger seront extrêmement limités. "Tous les États (qui font) partie du statut de la Cour pénale internationale ont dès aujourd'hui (vendredi) l'obligation, si Vladimir Poutine se présentait sur leur territoire, de l'arrêter, quelles que soient les dispositions nationale et internationales", explique William Bourdon, avocat de droit international, au micro d'Europe 1. 

"S'il n'y a aucun statut qui peut prévaloir au mandat d'arrêt de la CPI", poursuit l'avocat, celui-ci tempère en soulignant que le maître du Kremlin ne sera pas pour autant arrêté du jour au lendemain. Notamment parce que si, sur le papier, le président russe pourrait être arrêté et jugé devant la Cour pénale internationale, l'institution qui siège à La Haye ne peut pas juger par contumace. Elle ne dispose pas non plus de sa propre police.

Ce sont donc les 123 États membres qui ont désormais l'obligation de priver Vladimir Poutine de sa liberté s'il se présente sur leur territoire. Plusieurs pays, en revanche, ne reconnaissent pas le tribunal international. D'abord la Russie, et puis nombre de ses alliés comme la Chine ou encore la Biélorussie. Vladimir Poutine bénéficiera donc encore d'une certaine latitude dans ses déplacements. "Dans les États qui n'ont pas ratifié ou qui boycottent (la CPI), et qui sont dans une mouvance très anti-occidentale, Vladimir Poutine pourra voyager. Il pourra se poser à Téhéran (Iran), à Bagdad (Irak), à New Delhi (Inde)... Mais cela en fait quand même un pestiféré à l'échelon de la planète", détaille William Bourdon.

De son côté, la Russie nie toutes les allégations de crimes de guerre. L'ancien président russe Dmitiri Medvedev a même comparé ce mandat d'arrêt à du "papier toilette". Les hauts responsables russes ont rejeté ce mandat, estimant qu'elle n'avait aucune valeur juridique pour la Russie. "La Russie, comme un certain nombre d'États, ne reconnaît pas la compétence de ce tribunal, par conséquent, du point de vue de la loi, les décisions de ce tribunal sont nulles et non avenues", a dit aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.