Brexit UE Londres RU 2:39
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Didier François, édité par
À la veille du dernier round de négociations au sujet du Brexit, Londres a indiqué vouloir retoucher pour le "clarifier" l'accord encadrant sa sortie de l'Union européenne. Mais Bruxelles a immédiatement tenu à rappeler à l'ordre le Royaume-Uni sur ses engagements. Les deux camps vont-ils pouvoir éviter le "no deal" ?
DÉCRYPTAGE

Le ton monte entre l'Union européenne et le Royaume-Uni : les Européens ont mis en garde les Britanniques, lundi, contre toute tentation de revenir sur les engagements pris lors du Brexit. Alors que s’ouvre mardi le dernier round de négociations, Boris Johnson a décidé de remettre en cause le compromis signé au début de l’année. Le gouvernement britannique compte présenter, mercredi, un texte de loi revenant sur certaines parties de l'accord encadrant la sortie de l'UE le 31 janvier dernier.

Depuis deux ou trois jours, les dirigeants britanniques bombent le torse, un peu comme ces boxeurs ou ces catcheurs qui prennent des poses martiales à la veille d’un match important. Ils pensent que ça va impressionner leur adversaire. Cela fait aussi partie du folklore diplomatique.

Coup porté à la "confiance" réciproque

Pour que le défi paraisse crédible, c’est le Premier ministre Boris Johnson qui agite, en personne, la menace du "no deal", d’un Brexit sec, si le dernier round de tractations ne se concluait pas en sa faveur avant le 15 octobre. Cela s'apparente au coup classique du pseudo-ultimatum lancé à la veille des discussions. Si ce n'est pas le cas, le Royaume-Uni "doit l'accepter et passer à autre chose", a averti le Premier ministre britannique, assurant qu'une absence d'accord serait "une bonne issue" permettant au Royaume-Uni de "prospérer".

Le Royaume-Uni avait déjà tenté la même manœuvre au début de l’année, avant de finalement accepter qu’aucune frontière ne soit rétablie entre l’Irlande du Nord et la République irlandaise. Pour paraphraser les Anglais, "Keep Calm and Negociate", "restons calmes et poursuivons les négociations". C’est exactement la réponse faite par l’Europe à Boris Johnson : l'UE a averti Londres d'un coup porté à la "confiance" qui pourrait compromettre les négociations sur leur future relation.

Une application des règles de l'OMC ?

D'autant qu’une rupture sans accord entre Londres et Bruxelles serait finalement plus dommageable pour les Britanniques que pour les Européens. On appliquerait alors les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui coûteraient extrême cher au Royaume-Uni et à sa monnaie.

Le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier, près de quatre ans après un référendum historique marquant la fin de presque 50 ans d'appartenance à l'Union européenne. Mais il reste régi par la réglementation européenne jusqu'à fin décembre, tandis que les deux parties tentent de conclure un accord de libre-échange.

Plusieurs points de blocage

Il reste plusieurs véritables points de blocage. Pour les Européens, il y a la question des droits de pêche avec le maintien des quotas actuels et l’accès aux eaux britanniques. Cela devrait se régler. Mais l’enjeu principal est d'obtenir la garantie que Londres respecte les normes et les tarifs communs si Bruxelles lui octroie un accès sans droit de douane au marché continental.

C’est essentiel pour éviter une concurrence déloyale. Le Royaume-Uni pourrait être utilisé comme un de cheval de Troie par des importateurs peu scrupuleux. Or, à ce stade, Boris Johnson refuse de s’engager au nom du respect de la souveraineté britannique.