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Denis MacShane, ancien ministre britannique des Affaires européennes, critique la décision du Premier ministre de suspendre les travaux du Parlement jusqu’au 14 octobre, rappelant la tradition parlementaire du Royaume-Uni.
INTERVIEW

C’est une décision qui ne passe pas. Mercredi, Boris Johnson, Premier ministre britannique depuis un mois seulement, a annoncé qu’il suspendait les travaux du Parlement britannique jusqu’au 14 octobre, soit deux semaines seulement avant l’entrée en vigueur du Brexit. Des députés de l’opposition, mais aussi de sa majorité, ont fait part de leur fureur, et une pétition a rassemblée un million de signatures en quelques heures pour protester contre cette décision. "Normalement, le devoir du nouveau Premier ministre, c’est de se présenter devant le Parlement", relève Denis MacShane, ancien ministre britannique des Affaires européennes sous Tony Blair, jeudi sur Europe 1.

"C’est l’Angleterre, c’est le berceau de la démocratie parlementaire"

"Ce que Boris Johnson veut à tout prix, c’est éviter des débats au Parlement", poursuit Denis MacShane. "Pour nous, les Britanniques, toute la démocratie consiste à ce qu’il y ait des débats vifs au Parlement. Pour un Premier ministre, de refuser cela, quasiment à la veille du Brexit, de ne pas répondre aux questions, c’est très perturbant", estime l’ancien ministre avec un flegme tout britannique.

Denis MacShane espère désormais que la pression soit mise sur le Premier ministre. "L’Etat plus profond, les conseillers de Sa Majesté, les hauts fonctionnaires, les ambassadeurs, je les connais, ils ne peuvent pas être à l’aise avec ce coup", affirme-t-il. "Est-ce que l’équivalent du Medef va enfin protester et mettre la pression sur les députés conservateurs, pour dire à Boris Johnson : tu ne peux pas te comporter comme un Bolsonaro au Brésil, comme un petit chef populiste. C’est l’Angleterre, c’est le berceau de la démocratie parlementaire. Il faut accepter vos responsabilités. Si vous avez un plan pour le Brexit, dites-le à la Chambre des communes et acceptez de le justifier devant les députés."