Bénin : la piste de l'enlèvement se précise

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Aude Vernuccio et Jean-Jacques Héry, édité par Grégoire Duhourcau avec AFP , modifié à

Deux touristes français ont disparu depuis mercredi dans le parc national de la Pendjari au Bénin. Le corps de leur guide a été retrouvé samedi matin, mais on reste sans nouvelles des deux enseignants, qui devaient rentrer dimanche en France.

L'inquiétude est encore plus vive au Bénin, où deux touristes français sont portés disparus depuis mercredi, dans le parc national de la Pendjari. Un corps sans vie a été retrouvé samedi matin. Dimanche soir, le gouvernement assurait qu'il s'agissait bien de leur guide. Mais toujours aucune trace des deux Français.

C'est donc la piste de l'enlèvement qui est privilégiée. Tout d'abord parce que la dépouille du guide, très abîmée, a été retrouvée seule. D'après le médecin légiste, le corps est défiguré. Sa famille n'a pu l'identifier que grâce au pantalon qu'il portait. Ensuite, parce qu'un véhicule calciné a été retrouvé de l'autre côté de la frontière, au Burkina Faso. Il s'agit du même modèle que celui loué par les deux touristes français, mais aucune trace de ses occupants.

Les deux touristes "ont peut-être déjà passé la frontière avec le Mali"

"Un Toyota 4 Runner qui transportait les deux touristes français et leur guide a été retrouvé sans les occupants" dans l'est du Burkina Faso, a confié une source sécuritaire de la région à l'AFP. Les deux touristes "ont peut-être déjà passé la frontière avec le Mali", base arrière de nombreux groupes djihadistes, a affirmé cette source proche du gouvernement béninois.

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Les deux enseignants en vacances au Bénin depuis une dizaine de jours devaient rentrer en France dimanche. Actuellement, des centaines de rangers et deux avions sont à leur recherche, dans le parc de la Pendjari, une vaste réserve naturelle de 4.700 kilomètres carrés qui s'étend sur trois pays : le Bénin, le Burkina Faso et le Niger.

Une zone fortement déconseillée par le Quai d'Orsay depuis peu

Jusqu'à présent, et contrairement à ses voisins, le Bénin échappait aux menaces mais la zone est fortement déconseillée, depuis peu, par le Quai d'Orsay "compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d'enlèvement".

La situation géographique du parc de la Pendjari, limitrophe avec le Burkina Faso, était une menace constante, désormais réelle : le pays voisin est confronté à une dégradation de la situation sécuritaire sur son sol depuis trois ans, avec une accélération alarmante ces derniers mois.

De nombreux groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique (EI) opèrent en Afrique de l'Ouest, mais les parcs sont des zones très difficiles à surveiller, malgré un renforcement des équipes de surveillance, entraînées militairement depuis que African Park a repris la gestion de la Pendjari. "Il arrive de rencontrer des gens à pied dans le parc, mais vous ne savez pas où ils vont ni d'où ils viennent", explique à l'AFP Robert Oké, un guide du parc.

Un enlèvement qui traduit "une volonté des groupes djihadistes de déstabiliser l’ensemble de la région"

"Ces groupes djihadistes sont en train de descendre dans les États côtiers et c’est assez inquiétant", relève Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique, sur Europe 1. D'après lui, ce probable enlèvement dans "une zone où l’on considérait que des touristes pouvaient encore se rendre en étant prudents", traduit "une volonté des groupes djihadistes de déstabiliser l’ensemble de la région, de faire fuir les Occidentaux".

Si l'objectif de ces groupes "est de faire fuir les touristes de cette zone pour installer ce qu’ils veulent, c’est-à-dire un propre pouvoir islamique dans toute la région", les cas de ces deux touristes "est vraiment un message à la France et en particulier à l’opération Barkhane, parce que ça vise des Français".