Au Mali, Edouard Philippe conforte le soutien de la France

Edouard Philippe s'est entretenu avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga.
Edouard Philippe s'est entretenu avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga. © ALAIN JOCARD / AFP
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avec AFP
La France et sa force militaire Barkhane seront "aux côtés du Mali aussi longtemps que nécessaire et aussi longtemps que le Mali le souhaitera", a lancé le Premier ministre lors d'une conférence de presse commune avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga.

Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a conforté samedi à Bamako l'aide financière et militaire de la France au Mali face à la menace djihadiste, tout en appelant à accélérer la mise en oeuvre de l'accord de paix de 2015.

85 millions d'aide française au développement. La France et sa force militaire Barkhane (4.500 soldats dans les pays du Sahel, dont 2.700 sur le territoire malien) seront "aux côtés du Mali aussi longtemps que nécessaire et aussi longtemps que le Mali le souhaitera", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse commune avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga.

Quelque 85 millions d'euros d'aide française au développement ont été actés lors d'une cérémonie à Bamako, dont 35 millions de subventions directes destinées notamment à faire face aux difficultés de trésorerie de l'Etat malien, qui peine à collecter des impôts dans de nombreuses régions. Et l'Agence française de développement (AFD), qui réoriente depuis 2018 ses crédits en priorité sous forme de dons vers le Sahel, "devrait doubler dans les prochaines années" sa contribution au Mali, a assuré Edouard Philippe.

Un engagement d'achat de coton, dont le Mali est le premier producteur africain, a également été annoncé par le géant français de la distribution Carrefour. 

Philippe veut accélérer la mise en oeuvre de l'accord de paix. Ces gestes de soutien à l'exécutif du président Ibrahim Boubacar Keïta, que le Premier ministre français a ensuite rencontré dans l'après-midi, ont toutefois été assortis d'un appel poli à accélérer l'application de l'accord de paix de 2015 censé isoler définitivement les djihadistes, mais dont l'application accumule les retards. Si "des progrès indéniables" ont été accomplis, "nous devons être tous ensemble mobilisés pour que ces efforts puissent se poursuivre", a plaidé le Premier ministre.

Il a cité la décentralisation, le développement des régions du Nord et "l'accélération" du processus de "désarmement, démobilisation et réinsertion" (DDR) prévu par l'accord pour les combattants des groupes armés signataires, en vue notamment d'une armée malienne restructurée, plus représentative des populations du Nord en particulier.

De nombreuses zones échappent encore au contrôle du Mali.  Six ans après l'intervention militaire menée par la France pour chasser les djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali et trois ans et demi après la signature de l'accord, des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques. Dans un nouveau rapport rendu public vendredi après un an en tant qu'observateur indépendant de l'application de cet accord, le Centre Carter déplore ainsi que sur "78 engagements spécifiques" contenus dans ce texte, "seuls 20 soient achevés" soit seulement 25%.

Si la lutte contre les groupes djihadistes et l'insécurité au Sahel "obtient des résultats", "la tâche est longue", a reconnu le Premier ministre, qui sera samedi soir et dimanche matin auprès des troupes françaises à Gao, dans le nord du pays.