Au Japon, une longue et éreintante garde à vue pour Carlos Ghosn

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Nicolas Barré et Régis Arnaud, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Le PDG de Renault pourrait rester en garde à vue jusqu'à début décembre, alors que les droits de la défense sont réduits pour les étrangers au Japon.

Pour Carlos Ghosn, c’est une longue et pénible garde à vue qui a commencé lundi. Mardi, celui qui est soupçonné de fraude fiscale et d'abus de biens sociaux a pu voir brièvement l’ambassadeur de France à Tokyo, où il est détenu. Et mercredi, après 48 heures de garde à vue, il va être présenté à un juge. Là, il sera placé en détention pour dix jours, alors que la garde à vue a été prolongée de dix jours supplémentaires. Et donc, dans trois semaines au plus tard, Carlos Ghosn devrait être mis en examen.

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Il peut être libéré sous caution, mais… Il pourra alors demander à être libéré sous caution, sauf qu’au Japon, le juge ne l’accorde généralement que si l’on reconnaît les faits reprochés. Enfin, Carlos Ghosn devra très probablement rendre son passeport. Ce qui veut dire concrètement qu’il ne sera pas en mesure de reprendre ses activités chez Renault, alors que le conseil d'administration du groupe automobile a décidé de confier "à titre provisoire" la direction de la firme au directeur général délégué Thierry Bolloré, tout en maintenant pour l'heure Carlos Ghosn dans ses fonctions de PDG. Pendant ce temps-là, les équipes du procureur vont mener, à l'extérieur de la prison, l'enquête afin de réunir les preuves.

Au Japon, la garde à vue éreintante de Carlos Ghosn

Quinze minutes par jour avec ses proches, en japonais. Dans les faits, la garde à vue est pénible pour l'accusé. Dans le système judiciaire japonais, "l'avocat peut contacter, au nom de son client, un membre de sa famille", explique Masako Suzuki, avocate japonaise au cabinet Izumibashi, aux Échos. "Le suspect ayant droit, pendant les jours de semaine seulement, à une visite d'un ou plusieurs proches pendant quinze minutes maximum. Mais l'ensemble de leur conversation devra se faire exclusivement en japonais, devant un policier", ce qui complique les choses pour les étrangers. C’est aussi un régime très dur, où les droits de la défense sont mal protégés : pendant les trois semaines de garde à vue, le procureur peut interroger le suspect sans la présence de son avocat. Le but est clairement de faire avouer les accusés, en exerçant une pression psychologique maximale.