Le bilan de l'attaque "chimique" contre une ville syrienne s'élève à 72 morts, dont 20 enfants. 0:53
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Raphaël Pitti, médecin urgentiste spécialisé en médecine de guerre, invité mercredi sur Europe 1, est revenu sur les circonstance de l'attaque menée en Syrie mardi.

L'opposition accuse le régime de Bachar al-Assad d'avoir mené mardi une attaque chimique dans la province d'Idlib, en Syrie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), il y a au moins 72 morts et une centaine de blessés. "C'est une attaque chimique, il n'y a aucun doute la dessus", assure mercredi matin Raphaël Pitti, médecin urgentiste spécialisé en médecine de guerre, invité sur Europe 1. "Les blessés, les victimes présentaient les symptômes d'une intoxication par un neurotoxique, aucune n'avait de lésion traumatique qui pouvait faire penser à l'association avec autre chose et dans la zone, les animaux aussi ont été tués", précise-t-il. 

Les enfants, premières victimes. Parmi les victimes de cette attaque, l'OSDH compte une vingtaine d'enfants. "Ce sont les enfants qui en payent le prix le plus lourd car c'est un problème de rapport entre la taille, le poids et la dose toxique. Là où il faut 1 centigramme pour tuer un adulte de 60 kg, il faut 0,3 à 0,5 centigramme pour un enfant", précise Raphaël Pitti. "On est dans une situation avec une population extrêmement fragilisée. On sait pertinemment qu'en utilisant cette arme on aura des conséquences dramatique sur la population. Les Syriens n'ont aucune protection, aucune capacité de décontamination."

"Pour s'opposer à une offensive rebelle". Pour le médecin, la volonté de destruction de la part du régime syrien est manifeste : "On est dans le même schéma que ce qui s'est passé en aout 2013 avec l'utilisation de neurotoxique, le sarin, comme arme de destruction massive. Dans cette zone, il y avait une contre-offensive rebelle qui était assez victorieuse. On peut penser que le régime a voulu s'opposer à cette offensive".

La version de Moscou réfutée. Il réfute par ailleurs la version de Moscou selon laquelle l'aviation syrienne a frappé un "entrepôt" des rebelles contenant des "substances toxiques". "Il fallait une explosion suffisamment importante pour chauffer le liquide que représente le sarin et ensuite permettre une vaporisation. Je ne vois pas comment une explosion sur un bâtiment aura pu réussir à chauffer le sarin à ce point pour qu'il puisse contaminer plus de 400 personnes", estime-t-il. "Un missile a la possibilité de le faire."