Assassinat d'humanitaires au Niger : "La force sécuritaire ne règle pas le problème de fond"

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Ugo Pascolo , modifié à
Invitée du "Grand journal du soir" d'Europe 1 ce lundi, Anne Giudicelli, géopolitologue, directrice de Terr(o)risc, agence spécialisée dans le terrorisme international, explique pourquoi la violence embrase encore le Sahel, malgré la présence de l'opération Barkhane.
ANALYSE

Neuf ans après la première intervention française au Mali et six ans après le lancement de l'opération Barkhane, la mouvance terroriste au Sahel est loin d'être vaincue. Dernier exemple en date, dimanche, une attaque perpétrée près de Niamey, au Niger, a coûté la vie à huit personnes, six Français et deux Nigériens. Comment expliquer qu'une telle violence soit possible, malgré la présence des forces armées françaises ? "La force sécuritaire ne règle pas le problème de fond", explique ce mardi sur Europe 1 la géopolitologue Anne Giudicelli.

La réponse armée ne règle pas "le problème de fond"

"Dès lors qu'il y a une intervention armée extérieure, cela multiplie la création de groupes qui se positionnent en terme de résistance", rappelle celle qui est également directrice de Terr(o)risc, agence spécialisée dans le terrorisme international. Sans oublier que cela va contribuer à "alimenter un discours anti-occidental", précise-t-elle.

Si Anne Giudicelli reconnaît que les forces armées françaises ont "marqué des points" face aux terroristes dans une partie du Sahel, elle pointe que la "force sécuritaire peut colmater des brèches, déplacer certains groupes, les faire évoluer, mais ne règle pas le problème de fond".

La pauvreté, un facteur de développement du terrorisme

Car au-delà d'une idéologie, l'un des facteurs de développement de cette mouvance au Sahel est "la pauvreté", indique la géopolitologue. Dans une région où certaines actions illégales sont "rétribuées, on trouve des gens qui s'enrôlent dans ce type de groupes parce que c'est pour eux un moyen de vivre", et de gagner leur vie.

Une partie de la solution dans cette région du monde consisterait donc également à tendre la carotte, en plus du bâton. Une "mécanique vertueuse", en mesure de traiter les problématiques à la racine de ces actions violentes, qui nécessite une "approche politique, sociale et économique différente". Un chantier immense donc, auquel doit notamment s'attaquer le conseil de défense qui aura lieu mardi, à l'Élysée.