Arménie : les propos du pape sur le génocide relèvent de "la mentalité des Croisades" pour Ankara

Vers un nouveau froid entre la Turquie et le Saint-Siège ?
Vers un nouveau froid entre la Turquie et le Saint-Siège ? © TIZIANA FABI / AFP
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avec AFP
Le pape François avait évoqué un génocide en Arménie sous l'Empire ottoman, jugeant que "la mémoire ne peut être étouffée". 

La Turquie a qualifié de "très malheureux" les propos du pape François évoquant un génocide en Arménie sous l'Empire ottoman qui relèvent, selon elle, de "la mentalité des Croisades". 

"Pas un point de vue objectif". "Ce n'est pas un point de vue objectif qui correspond à la réalité", a affirmé samedi soir le Premier ministre adjoint Nurettin Canlikli, cité par l'agence turque d'information Anadolu. "Cette tragédie, ce génocide a marqué malheureusement le début de la triste série des catastrophes immenses du siècle dernier", avait affirmé vendredi le pape au premier jour de sa visite en Arménie devant le président Serge Sarkissian et la classe politique arménienne.

Réponse du Vatican. "On peut voir toutes les marques et les reflets de la mentalité des Croisades dans les propos du pape", a regretté le Premier ministre adjoint turc. Dimanche matin, le Vatican a répondu par la voix de son porte-parole, le père Federico Lombardi : "Si l'on écoute le pape, il n'y a rien (dans ses propos) qui évoque un esprit de croisade. Sa volonté est de construire des ponts au lieu de murs. Son intention réelle est de construire les fondations pour la paix et la réconciliation". "François a prié pour la réconciliation de tous, n'a pas prononcé un mot contre le peuple turc. Le pape ne fait pas de croisades, ne cherche pas à organiser de guerres", a-t-il insisté. 

Un premier froid en 2015. Le pape avait déjà évoqué un génocide en avril 2015 au Vatican, provoquant la colère d'Ankara et le rappel de son représentant au Saint-Siège durant près d'un an. Visitant samedi le mémorial du génocide à Erevan, le pape avait évoqué "la tragédie" et l'effroyable et folle extermination" subie par les Arméniens sous l'Empire ottoman en 1915/17, avant d'inviter "les peuples arménien et turc à prendre le chemin de la réconciliation". La Turquie récuse le terme de génocide pour les massacres de 1915/17, affirmant que les victimes, dans le cadre d'une guerre civile, ont été moins nombreuses et étaient aussi bien turques qu'arméniennes.