Publicité
Publicité

Argentine : le ministre de l'Économie Massa et l'ultralibéral Milei accèdent au second tour

Europe 1 avec AFP // Crédit photo : JUAN MABROMATA, Tomas CUESTA / AFP . 3 min
Le ministre de l'Economie Massa (à gauche de l'image) et l'ultralibéral Milei (à droite de l'image) sont au second tour..
Le ministre de l'Economie Massa (à gauche de l'image) et l'ultralibéral Milei (à droite de l'image) sont au second tour.. © JUAN MABROMATA, Tomas CUESTA / AFP

En Argentine, à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, le ministre de l'Économie centriste, Sergio Massa, et l'ultralibéral "antisystème" qui veut "tronçonner" l'État, Javier Milei, se sont qualifiés pour le deuxième tour. Ils s'affronteront jusqu'en novembre prochain pour devenir le prochain dirigeant du pays d'Amérique du Sud. 

Un ministre de l'Économie centriste, Sergio Massa, et un ultralibéral "antisystème" qui veut "tronçonner" l'État, Javier Milei, s'affronteront en novembre au second tour de l'élection présidentielle en Argentine , dans un duel entre deux visions antagoniques du pays. Sergio Massa, 51 ans, candidat du bloc gouvernemental (centre-gauche) a surmonté le handicap d'une économie en souffrance, d'une inflation record à 138%, pour arriver en tête du premier tour dimanche avec 36,6% des voix, selon l'Autorité électorale, avec plus de 97% des votes décomptés.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Il devance l'économiste "anarcho-capitaliste" -comme il se définit- Javier Milei, 53 ans, qui avec 30%, confirme sa percée depuis son irruption sur la scène politique il y a deux ans, mais en-deçà de ce que les sondages lui prédisaient. Ils disputeront un second tour le 19 novembre, en vue d'une investiture le 10 décembre. La candidate du bloc d'opposition (centre-droit) Patricia Bullrich, une ex-ministre de la Sécurité protégée de l'ancien président libéral Mauricio Macri (2015-2019), est éliminée, avec 23,8%.

Les Argentins ont voté dans un climat d'incertitude et d'inquiétude, comme rarement depuis le retour de la démocratie il y a 40 ans, sur fond d'endettement chronique, d'inflation parmi les plus élevées au monde, et d'une monnaie en dépréciation constante depuis deux ans.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Changement ou saut dans le vide

Les mots de "ras-le-bol", "anxiété", "pas de formule magique", revenaient chez les électeurs approchés par l'AFP, traduisant un tiraillement entre réel désir de changement et peur d'un "saut dans le vide". "On a besoin d'un changement. Ce pays est un désastre, vraiment, entre la pauvreté, l'inflation, les gens ne vont pas bien", se désolait Gabriela Paperini, 57, ans, près d'un bureau de vote du quartier de Palermo.

Milei, un polémiste surgi en 2021 des plateaux TV sur la scène politique, a suivi depuis ce fil rouge "dégagiste" contre la "caste parasite", selon lui péronistes (centre-gauche) et libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans. Dimanche soir, il a salué "la meilleure élection de l'histoire du libéralisme", un "jour historique car deux-tiers ont voté pour un changement", en référence à ses électeurs et ceux de Mme Bullrich. Et il a tendu la main à la candidate battue, pour que "tous ceux qui veulent ce changement travaillions ensemble pour récupérer notre pays".

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Ses formules mordantes, son style électrique, ont parlé à un public souvent jeune, sans perspectives. Mais ses propositions, comme "tronçonner" l'État et "dollariser" l'économie -pour laisser le billet vert supplanter le peso- ont aussi semé le doute, voire l'inquiétude. "Les gens ont commencé à percevoir un risque chez Milei", analyse le politologue Raul Timerman. Le thème de la 'tronçonneuse', qui au début était drôle, s'est mué en quelque chose d'effrayant (...) Ils se sont dit : 'Celui-là vient pour tout détruire'".

A son QG de campagne dimanche soir, la déception était manifeste, après l'espoir suscité dans les sondages. "Mais je suis sûr qu'on va retourner ça. Beaucoup de voix qui ne sont pas portées sur lui lui reviendront au second tour", a déclaré Nahuel Pasquale, 27 ans. Sergio Massa, un centriste d'ADN qui s'était déjà présenté à la présidentielle en 2015 contre ses alliés péronistes d'aujourd'hui, a pris soin en campagne de se distancer de l'exécutif --ni le président Alberto Fernandez ni l'ex-cheffe de l'Etat Cristina Kirchner, ne sont apparus.

La suite après cette publicité

Il s'est évertué à marteler que "le pire de la crise" est passé, grâce à un prochain boom exportateur, et la fin d'une sécheresse historique en 2022-23 qui a privé l'Argentine, géant agricole, de 20 milliards de dollars de recettes.

"Trop à perdre"

Mais il a surtout ces derniers mois multiplié les largesses budgétaires : réduction du nombre de personnes imposables, subventions, exemptions de TVA, pour amortir le choc de l'inflation. "Irresponsabilité électoraliste", ont hurlé ses adversaires, alors que l'Argentine en déficit budgétaire pathologique, peine à rembourser au FMI un prêt de 44 milliards.

Dimanche soir, Sergio Massa a promis s'il est élu, de convoquer "un gouvernement d'unité nationale", qui serait une première dans l'Argentine démocratique, et a lancé un appel aux radicaux, l'aile modérée de l'alliance d'opposition "à tous ceux qui partagent nos valeurs démocratiques".

Son QG n'était qu'étreintes et chants, dont le vieil hymne péroniste joué par une fanfare. "On savait qu'on allait créer la surprise. Les gens sont beaucoup plus intelligents qu'on le croit quand il s'agit de défendre la patrie", a déclaré à l'AFP Angelo Laredo, un comptable de 55 ans. "Si ce n'est pas pour aujourd'hui, ce sera pour novembre. Massa sera président".

Rien n'est joué pour autant, pour l'économiste Benjamin Gedan, spécialiste de l'Argentine au think-tank Wilson Center. Sergio Massa "reste le ministre de l'Economie d'un gouvernement foncièrement impopulaire". Mais il y a en Argentine "une profonde angoisse à l'idée de changer drastiquement le rôle de l'Etat-providence, beaucoup ont trop à perdre".

Cet article vous a plu ? Vous aimerez aussi...
Recevoir la newsletter international
Plus d'articles à découvrir