Allemagne : le meurtre d'un élu pro-migrants probablement lié à "l'extrême droite"

L'élu local Walter Lübcke, 65 ans, a été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison.
L'élu local Walter Lübcke, 65 ans, a été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison. © Swen Pförtner / dpa / AFP
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avec AFP
Un élu local pro-migrants a été tué début juin dans le centre de l'Allemagne. Le suspect principal, proche de la mouvance néonazie, a déjà été condamné pour des faits de violences, notamment contre un foyer de migrants.

Le meurtre d'un élu local pro-migrants en Allemagne, pour lequel un suspect a été arrêté ce week-end, est très probablement lié à "l'extrême droite", a annoncé lundi le parquet anti-terroriste national.

Le suspect, proche de la mouvance néonazie et déjà condamné pour violences

"Dans l'état actuel des investigations, nous partons du principe que nous avons affaire à un arrière-plan d'extrême droite" pour expliquer les motivations de cet assassinat qui a choqué le pays, a déclaré à la presse le porte-parole du parquet. Le parquet général de Karlsruhe, compétent en matière terroriste ou de crime organisé, s'appuie notamment, pour étayer cette thèse, sur le passé du suspect, un homme de 45 ans proche de la mouvance néonazie et déjà condamné pour des faits de violences, notamment contre un foyer de migrants.

Les enquêteurs tentent de déterminer s'il avait des complices mais, a précisé le parquet, pour le moment "il n'y a aucun élément montrant que le suspect ait pu" agir dans le cadre d'un "groupuscule d'extrême droite" formé à cet effet. Une référence au groupuscule néonazi allemand NSU, responsable du meurtre d'une dizaine d'immigrés en Allemagne au début des années 2000.

L'élu tué, membre du parti d'Angela Merkel

L'élu local et haut fonctionnaire territorial Walter Lübcke, 65 ans, a été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison à Wolfhagen, dans la banlieue de Kassel, dans le centre du pays. Il avait reçu une balle tirée à bout portant et baignait dans une mare de sang. Membre du parti de centre-droit d'Angela Merkel, il avait été visé par des menaces de mort depuis 2016 pour avoir défendu avec force l'accueil des migrants, décidé en 2015 par la chancelière. Son décès avait déclenché sur les réseaux sociaux une avalanche de commentaires, dont de nombreux saluant ce meurtre.

Si le mobile politique devait être confirmé, il s'agirait du premier meurtre de cette nature depuis les attentats de la Fraction armée rouge à partir des années 1970. En 1981, ce groupe d'extrême gauche avait tué un ministre régional de l'Économie, membre du parti libéral FDP. Il s'agirait en outre du premier homicide d'un élu motivé par des idées radicales de droite depuis le Second conflit mondial. En Grande-Bretagne, une députée travailliste avait été mortellement poignardée en 2016 par un sympathisant d'extrême droite.