Afghanistan 1:34
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Nicolas Feldmann et Marion Gauthier, édité par Manon Fossat
Dans plusieurs endroits de Kaboul, mais aussi à Asadabad, à l'est, des Afghans brandissent le drapeau national, bravant les talibans qui ont imposé leur drapeau blanc sur les bâtiments publics. Des centaines de manifestants ont également défilé dans la capitale jeudi réclamant le retour de la République d'Afghanistan.

Des milliers de personnes continuent à converger vers l'aéroport de Kaboul en espérant pouvoir quitter le pays et en parallèle de ses tentatives d'évacuation des manifestations secouent le pays. La population est descendue dans les rues de plusieurs villes pour protester contre les talibans qui ont pris le pouvoir, et on dénombre déjà trois victimes alors que les coups de feu tirés par les talibans pour disperser la foule résonnent encore sur les réseaux sociaux.

À Kaboul, des centaines de manifestants ont marché sans heurt, avec parmi eux de nombreuses femmes. L'image du poing levé de l'une d'elles est particulièrement relayée comme le symbole d'une mobilisation courageuse, cernée de talibans armés. Le drapeau afghan sur les épaules et le bras levé, elle encourage et mène le défilé dans la capitale. Une autre femme s'est également illustrée en tête d'un cortège noir, rouge et vert, les couleurs du pays qui fêtait jeudi le 102e anniversaire de son indépendance. Les talibans de leur côté ont célébré la victoire sur l'occupant américain, quant la rue, elle, réclamait le départ du mouvement islamiste. "Notre drapeau, notre identité", scandaient les protestataires dont certains ont décroché l'étendard blanc des talibans pour le remplacer par celui de la République d'Afghanistan.

Une alliance inédite

Une des dernières poches de résistance s'organise également dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul. Une région montagneuse que les talibans n'ont jamais réussi à conquérir. Deux hommes sont à sa tête : l'ancien vice-président Amrullah Saleh et Ahmad Massoud, fils du célèbre commandant Massoud, assassiné en 2001 par des hommes d'Al-Qaïda. 

 

Pour le chercheur Hasni Abidi, si cette alliance est inédite, elle devra cependant compter sur les puissances étrangères pour se structurer. "La nouvelle opposition ne peut pas résister aux talibans sans le soutien massif des Occidentaux mais aussi de certains pays importants comme l'Iran et la Russie. Un soutien logistique et un soutien par les armes est une hypothèse tout à fait probable, mais on sait que les talibans risquent de grossir leurs rangs", assure-t-il. "Les forces dont bénéficient cette nouvelle alliance sont loin de faire le poids contre celles des talibans", poursuit encore le spécialiste. Officiellement, la voie diplomatique est pour l'heure privilégiée. La Russie a quant à elle appelé les talibans à un dialogue national afin former un gouvernement représentant les différents courants du pays.