Yoko, icône japonaise malgré elle

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Le visage de la jeune femme a fait le tour du monde. Retour sur une photo emblématique.

Yoko est une icône planétaire, mais elle ne le sait pas. Debout, les pieds joints, au milieu des décombres, avec le regard perdu derrière sa frange : la photo de cette jeune maman japonaise a fait le tour du monde au mois de mars dernier, après le tsunami qui a ravagé la côte nord-est du Japon. Des centaines de sites web ont repris l'image et nombre de news magazines l'ont utilisée pour leur couverture, comme Paris Match, Le Point, le Nouvel Observateur ou encore Le Pèlerin.

"Elle s’appelle Yoko Sukimoto, elle a 28 ans"

Un mois et demi après le séisme, Paris Match a retrouvé cette jeune femme et lui consacre une partie de son numéro à paraître jeudi. "Une équipe est allée à Ishinomaki, une des villes les plus touchées et l’a retrouvée après un mois de recherches", explique Olivier Royan, directeur de la rédaction du magazine, sur Europe 1. "Elle s’appelle Yoko Sukimoto, elle a 28 ans", ajoute-t-il.

Le 12 mars 2011, lorsque le Tadashi Okubo, qui travaille pour le Yomiuri Shimbun, un des grands quotidiens japonais, aperçoit la silhouette de la jeune femme, debout, emmitouflée dans une couverture, le photographe n’a aucune idée de ce que cette Japonaise est en train de traverser.

Soixante-douze heures d’angoisse

Ce jour-là, Yoko ne fixe pas le vide, mais le toit de l’école de son fils de cinq ans, ravagée par la vague. Le matin du séisme, Yoko a déposé son fils à l’école avant de reprendre la route pour aller au travail. Lorsque le tsunami frappe le Japon, Yoko est à l’abri dans une ville à l’intérieur des terres, mais l’école de son fils, elle, a été entièrement emportée par le raz-de-marée.

La jeune maman retourne en urgence vers Ishinomaki, mais on lui annonce que l’école n’est plus là. Trois jours durant, Yoko et son mari pensent que leur fils est mort avec l’ensemble de ses camarades. Finalement, soixante-douze heures après la catastrophe ils apprennent que les enfants ont eu le temps de se réfugier sur le toit d’un bâtiment et qu’ils sont sains et saufs.

"C’est le regard, intense, de cette jeune femme qui a suscité autant d’intérêt dans les médias", souligne Olivier Royan, "et maintenant qu’on connait son histoire on comprend mieux ce regard", ajoute-t-il. Mais si la photo de Yoko a fait le tour du monde, la jeune femme n’a pas du tout conscience qu’elle est devenue une véritable icône. "La médiatisation a été énorme partout, sauf au Japon", explique le directeur de la rédaction de Paris Match. "Je pense qu’elle va le découvrir à partir de maintenant", conclut-il.