Une juge française à Guantanamo ?

Le camp de Guantanamo accueille les détenus de la "lutte contre le terrorisme"
Le camp de Guantanamo accueille les détenus de la "lutte contre le terrorisme" © REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
Sophie Clément veut enquêter sur place sur des faits présumés de tortures et actes de barbarie.

C’est une requête sans précédent. Saisie de plaintes d’anciens détenus français de Guantanamo, la juge d’instruction Sophie Clément a demandé aux autorités américaines de pouvoir enquêter sur des allégations de torture en se rendant sur la base américaine de Cuba.

Les trois plaignants français s'appellent Mourad Benchellali, Nizar Sassi et Khaled Ben Mustapha. Leur calvaire débute fin 2001 avec leur arrestation à la frontière afghano-pakistanaise. Ils sont ensuite envoyés à Guantanamo. Après plusieurs années de détention, ils rentrent en France en 2004 et 2005. A leur retour, ils effectuent entre 11 et 17 mois de détention. Condamnés à un an de prison ferme pour terrorisme en 2011, ils ont annoncé vouloir se pourvoir en cassation.

Depuis 2005, la juge d'instruction Sophie Clément enquête sur des faits présumés de séquestration et de détention arbitraire. Elle a obtenu en 2009 d'élargir ses investigations à des faits présumés de tortures et actes de barbarie.

Coups, humiliations et privations diverses

Dans sa commission rogatoire internationale, la juge française demande aux autorités américaines "de nous permettre de prendre connaissance et de prendre copie de tous les documents détenus" par les autorités concernant les trois hommes, notamment ceux "relatifs aux conditions de leur arrestation, de leur transfert et de leur détention dans un camp militaire à Kandahar (Afghanistan, ndlr), puis de leur transfert et de leur détention sur la base américaine de Guantanamo".

Dans sa demande d'enquête, la juge détaille les dénonciations des trois hommes qui lui ont relaté coups, humiliations et privations, à la fois lors de leur détention à Kandahar où ils ont été remis aux forces américaines et lors de leur séjour à Guantanamo.

Promesse non tenue d’Obama

Pour William Bourdon, l’avocat de deux des plaignants, cette démarche "sans précédent" de Sophie Clément doit permettre "d'identifier les responsables de cette séquestration arbitraire et des tortures commises". "L'administration américaine doit respecter ses obligations internationales et ce en écho avec les déclarations du président Obama qui avait déclaré vouloir fermer Guantanamo et faire cesser la torture", a-t-il déclaré.

Le centre de Guantanamo est ouvert depuis 10 ans. Sa fermeture était en effet une des promesses de campagne du candidat démocrate. Elle n’a pas été tenue.