Une béatification et des polémiques

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avec agences , modifié à
La présence de responsables politiques à la béatification de Jean-Paul II suscite quelques remous.

Jean-Paul II n’a pas seulement été chef de l’Eglise catholique, mais aussi un personnage important de l’histoire du XXe siècle. C’est l’argument mis en avant par les instances dirigeantes qui envoient des représentants à la cérémonie de béatification de l’ancien pape, qui se tiendra dimanche 1er mai au Vatican. Car, en France notamment, les polémiques sur la présence de gouvernant à cette cérémonie sont vives.

Un immense personnage

La semaine dernière, le PS avait jugé "choquant" que la France "rompe avec une tradition diplomatique établie et respectée par tous ses prédécesseurs, qui veut que notre pays ne se fasse représenter à ce type de manifestation que lorsqu’elle concerne un Français". Alors que François Baroin avait évoqué l’adage " la France, fille aînée de l’Eglise" , les socialistes avaient fait valoir que "la France n’est pas la fille aînée de l’Eglise, c’est une République laïque".

Vendredi, Henri Guaino a jugé "indispensable" que la France soit représentée à cette cérémonie. "Jean-Paul II est un grand personnage, un immense personnage du XXe siècle et je ne trouve pas anormal que les autorités publiques assistent à ce genre de cérémonies. Elles assistent aussi à des cérémonies religieuses d'autres cultes, c'est une marque de respect", a justifié le conseiller spécial du président de la République.

Héritage chrétien

Même rhétorique chez François Baroin, qui avait estimé, au moment où il annonçait la présence de François Fillon à l’évènement, que Jean-Paul II était "une personnalité qui aura (…) marqué l'après-guerre dans le monde" avant d’évoquer un "héritage chrétien" de la France. "Ce n'est pas parce qu'on est attaché à la laïcité, qui est un acquis républicain exceptionnel et l'un des éléments de notre vivre-ensemble, que l'on doit oublier d'où nous venons", avait jugé le porte-parole du gouvernement.

Le sujet est d’autant plus délicat en France que la question de la laïcité a été replacée au centre du jeu politique par l’UMP, qui a organisé un débat sur le sujet début avril. L’approche de la campagne présidentielle fournit également un climat propice aux empoignades. Jean-Paul II avait par ailleurs à plusieurs reprises insisté sur les « racines chrétiennes » de l’Europe, une notion qui fait débat depuis plusieurs années en Europe et a encore suscité des polémiques récemment en France. Outre François Baroin, Nicolas Sarkozy l’a également reprise dans un discours.

Mugabe sera à la cérémonie

En Europe, la présence à la cérémonie de Jose Manuel Barroso a elle aussi suscité quelques remous au sein de l’Union. La Commission européenne a ainsi estimé nécessaire de préciser que son président se rendait au Vatican "pour une raison extrêmement simple", à savoir "rendre hommage au rôle que Jean Paul II a joué dans l'histoire européenne et le développement de la démocratie et de la liberté à la fin du XXe siècle en Europe".

Jose Manuel Barroso ne sera pas le seul responsable de l'UE à se rendre au Vatican. Il doit être accompagné notamment du président de l'UE, Herman Van Rompuy et du président du Parlement européen Jerzy Buzek. Quatre-vingt-sept délégations étrangères sont également attendues, comptant seize chefs d'Etat. Parmi lesquels il y aura Robert Mugabe, le président zimbabwéen, personnage non grata en Europe. Sa présence non loin des représentants occidentaux pourrait d’ailleurs être l’amorce d’une nouvelle polémique.