Un francophone fait condamner Air Canada

Sur certains vols, la compagnie Air Canada est obligée d'offir des services en français et en anglais. Sous peine d'amendes.
Sur certains vols, la compagnie Air Canada est obligée d'offir des services en français et en anglais. Sous peine d'amendes. © MAXPPP
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avec William Galibert et AFP , modifié à
Incapable d'offrir ses services en français, la compagnie a dû lui verser 12.000 dollars.

Il dit n'avoir fait qu'appliquer la loi. Un francophone québécois qui n'avait reçu d'Air Canada un service en français a obtenu gain de cause du tribunal. La compagnie a été contrainte de lui verser 12.000 dollars d'amende pour avoir manqué à ses obligations.

En effet, Air Canada est assujettie à la loi sur les langues officielles (anglais et français) qui l'oblige à fournir des services en français sur les lignes où au moins 5% des passagers sont habituellement francophones.

"A Toronto et Ottawa, nous n'avons pas été servis en français. Il n'y avait qu'une hôtesse, unilingue anglophone", explique Michel Thibodeau, l'homme qui a fait condamner l'ancienne société d'Etat, au micro d'Europe 1. "Je lui ai demandé de me faire servir en français, elle n'en était pas capable et je lui ai fait valoir mon droit", résume-t-il.

"Je ne demande rien de nouveau. Les différentes communautés francophones sont en accord avec le jugement et m'appuient dans cette démarche. J'exige qu'Air Canada offre le service dans la langue de mon choix, le français".

"Je ne demande rien de nouveau" :

Michel Thibodeau et sa compagne Lynda réclamaient un demi-million de dollars en dommage punitif pour cette "faute" datant de 2009.

La polémique enfle

Passée presque inaperçue au Québec, la décision de la cour en faveur de Michel Thibodeau a suscité l'indignation côté anglophone. "Si vous voulez savoir ce qui ne va pas avec la loi canadienne sur les langues officielles, regardez simplement Michel Thibodeau. Il s'agit d'un employé du gouvernement parfaitement bilingue qui a traduit en justice Air Canada parce que lui et sa femme n'ont pas reçu de services en français - ils n'ont pas eu de 7-up (boisson gazeuse ndlr) lorsqu'ils en ont fait la demande en français sur un vol", s'est emporté Peter Worthington, éminent commentateur du Toronto Sun.

Le site internet du Globe and Mail, le quotidien le plus influent au pays, a lui été pris d'assaut par les internautes qui ne décoléraient pas. "Cette anecdote est symptomatique de la façon dont le Canada français a opéré (en abusant de ses droits, ndlr). Et la réaction est symptomatique d'une nouvelle attitude", résume un internaute sur le site du Globe. "Tout le monde, écoutez ! Allons tous au Québec et traînons-les devant les tribunaux lorsqu'ils refuseront de nous servir en anglais au restaurant".